Sensés amener la joie et le bien être dans les foyers, les jours de fête sont aussi porteurs de tristesse et de drames qui foudroient les familles au moment d'une supposée plénitude absolue. Les contrastes de la vie auxquels finissent par se soumettre les victimes, sans autre arme que la foi pour supporter le poids de la peine et de la douleur. Entre autres causes, les accidents de la route qui reviennent chaque année, chaque saison, chaque occasion de fête…tel un refrain d'une chanson mélancolique, connue de tous mais sans véritable effet sur la conscience collective. En trois jours seulement, de la veille de l'Aïd El Adha (le 25 octobre) à samedi, au moins vingt-huit personnes sont décédées sur la route et 313 autres blessées dans 118 accidents, survenus dans différents endroits du pays. Les services de la Gendarmerie nationale qui en font l'écho évoquent d'importants dégâts matériels causés aux véhicules impliqués. Le facteur humain en reste la principale cause, notamment l'excès de vitesse chez les jeunes conducteurs qui, d'ailleurs, en paient les frais sans trop tarder. Toujours selon ces mêmes services, déployés pourtant, à longueur d'année, en force sur les axes routiers les plus suspects, l'accident le plus grave est celui enregistré samedi, aux environs de 15 heures, sur le CW reliant Batna à Ouyoun El Assafir, à hauteur du douar dit Azzab, commune de Batna. Les témoins sur place indiquent que le conducteur d'une camionnette qui se rendait de Batna vers Ouyoun El Assafir a perdu le contrôle de son moyen de locomotion et a percuté par la suite un véhicule léger qui circulait en sens inverse sur le côté gauche de la chaussée. Bilan : quatre morts et cinq blessés à des degrés différents. D'autres décès, en partie des jeunes de moins de vingt ans, sont signalés ailleurs. Des jeunes en compagnie d'autres, décidés à fêter l'évènement de l'Aïd à leur façon, profitant de la libre circulation routière pour mettre le levier de vitesse en cinquième et dépasser les 160 km/heure. Des campagnes d'information et de sensibilisation sur les dangers de la circulation routière sont organisées, de manière presque systématique, par les services concernés. Ceux de la Gendarmerie nationale, de la Sûreté urbaine, de la Protection civile, en collaboration avec des entreprises nationales qui sponsorisent l'évènement, ainsi que différents organes de presse, en tête la Radio et la Télévision algériennes, mais le résultat sur le terrain reste des plus médiocres. La moyenne de 4 000 morts chaque année sur les routes ne baisse pas d'un iota. Bien au contraire, la flèche dans le compteur prend le sens inverse. Elle grimpe au lieu de descendre. C'est la faute aux organisateurs de ces campagnes ou aux utilisateurs du véhicule, lourd ou léger, qui tendent une oreille distraite au conseil ? Les automobilistes estiment que c'est plutôt la faute aux organisateurs qui ne savent pas, selon leurs dires, transmettre le bon message. «J'avais envie de me cogner la tête au volant quand j'ai allumé la radio. C'est insupportable. Ça pousse à l'accident au lieu de l'éviter. Ces campagnes sont contre productives», s'écrie un citoyen qui se rendait, de bonne heure, à son travail.Les intempéries sont de retour et les villes algériennes ne sont pas encore prêtes à faire face aux inondations, toujours violentes et menaçantes. La vigilance citoyenne doit être de mise pour éviter plus de dégâts.