Mustapha Benbada a eu beau multiplier parades et réfutations sur les ondes de la radio ce mardi 23 octobre, il n'a pas pu cacher l'échec cuisant du ministère du Commerce - du reste flagrant tous les jours que Dieu fait - en matière de régulation des prix des produits de large consommation et d'organisation d'un marché extrêmement désordonné. Tantôt se réfugiant derrière l'argument de la loi du marché ou l'absence de production nationale de fruits et légumes, d'autres fois accusant les collectivités locales de ne pas respecter la réglementation, M. Benbada n'a pas dû convaincre grand monde sur la capacité des pouvoirs publics à protéger les Algériens contre les «violences commerciales» qu'ils subissent tous les jours au nom d'une liberté des prix qui ne tient pas compte des droits des consommateurs. Comment aurait-il pu ? alors que dans certaines régions du pays le prix du mouton plafonnait à 80 000 DA, que le kilogramme de viande rouge atteignait 1 400 DA, que le poulet flirtait avec les 450 DA et que la tomate avoisinait les 150 DA le kilo. D'ailleurs, au moment même où le ministre s'échinait à convaincre sur l'efficacité, évidemment toute relative, des mesures prises pour parvenir à équilibrer le marché et garantir aux Algériens un environnement plus sain, l'Office national des statistiques confirmait l'envolée des prix de large consommation et des produits agricoles, frais, qui consolidait la hausse continue de l'inflation (7,9% en septembre contre 7,7 un mois plus tôt). Ce qui n'a pas été pour étonner des consommateurs continuellement saignés à blanc sans que personne, notamment les pouvoirs publics, ne réagisse. Indice supplémentaire de cette incapacité à faire face aux multiples dysfonctionnements qui minent le secteur et du manque d'imagination des pouvoirs publics : la décision de recourir au commerce ambulant pour combattre la hausse des prix. Les autorités locales ont ainsi été enjointes d'aménager des espaces de stationnement aux marchands ambulants, y compris ceux qui ne disposent pas de registre de commerce mais qui peuvent bénéficier de titre d'activité provisoire. Autrement dit, ayant échoué à amener les opérateurs de la chaine de distribution (producteurs, mandataires et détaillants) à un exercice raisonné et raisonnable du commerce, le ministère choisit de faire appel à une forme de commerce qui se pratique plutôt en zone rurale et qui ne saurait remplacer les formes classiques du commerce ni influer durablement sur les prix. Comme le ferait une véritable politique de distribution réfléchie qui ne s'accommode pas de pis-aller… S. O. A.