Photo : M. Hacène De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad
Les échanges commerciaux dans le domaine des fruits et légumes ainsi que les autres biens de large consommation, se font dans des conditions improvisées parfois même pitoyables à Tizi Ouzou. Les localités et même le chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou manquent de toutes les infrastructures de base pour la bonne maîtrise des échanges commerciaux à tous les niveaux, tant de l'approvisionnement des consommateurs et de la régulation que de l'entretien des sites de distribution. Les marchés réguliers, entre marchés de gros, marchés couverts et marchés de proximité, font défaut alors que ceux qui existent et sont gérés par les collectivités locales, ne répondent en rien aux normes requises. Ils sont plutôt le lieu de déviations et de violations des règles de commercialisation des produits de première nécessité à travers des pratiques illégales de l'activité en question, de façon globale. On voit qu'il n'y a pas d'instance de contrôle des parties impliquées dans le processus de production et de commercialisation des produits de base et que seul le consommateur paye la facture salée.A ce sujet, il suffit de compter le nombre de commerces informels et ambulants qui jonchent les trottoirs des chefs-lieux urbains et les chaussées à plusieurs endroits de la prisée RN 12, devenue ces dernières années une véritable foire permanente des fruits et légumes, au détriment de toutes les règles de commercialisation, d'hygiène et même de sécurité routière. Jusqu'à présent, on ne se rappelle que de l'opération de chasse aux commerces anarchiques déclenchée par la sûreté de wilaya de Tizi Ouzou, il y a environ un an, au niveau de la ville, avec la destruction de dizaines de baraques et l'interdiction d'étaler toute marchandise dans les espaces interdits, créant un sentiment de soulagement des résidents, qui ont assisté impuissants une dizaine d'années durant au squat de tous les sites publics, trottoirs, jardins, espaces verts, foncier public... Les anciens marchés hebdomadaires, qui étaient là avant l'explosion de l'informel, étaient les seuls lieux d'approvisionnement des chefs de famille et de foyer, heureux d'acheter presque tout à moindre prix, de négocier leurs achats. Ils étaient mieux contrôlés, la marchandise plus diversifiée et de bonne qualité, l'espace mieux entretenu sur les plans hygiène et sécurité. Ce manque est devenu tellement criard que la direction du commerce et des prix (DCP) de la wilaya de Tizi Ouzou a prévu dans les prochains mois des travaux de réhabilitation du marché couvert du centre-ville du chef-lieu de wilaya, pour tenter de répondre aux besoins de milliers de familles obligées de se rabattre sur des marchés incontrôlés situés dans les villes limitrophes depuis la délocalisation du marché de gros du centre-ville de Tizi Ouzou. Une façon de soigner l'image d'un secteur qui, pourrait-on dire, navigue à vue faute de vision politique globale et de moyens humains et matériels. Les travaux d'aménagement de ce marché, unique en son genre dans la ville de Tizi Ouzou, ont été confiés à un groupe de microentreprises, selon une source de la DCP locale. Une enveloppe de 13 millions de dinars (budget sectoriel) a été dégagée à cet effet. Des travaux visant l'amélioration de l'accueil des clients et des conditions matérielles pour un bon exercice de l'activité commerciale. Cependant, il est important de souligner que le petit commerçant honnête qui paye ses impôts souffre pour s'approvisionner en denrées alimentaires, vu les conditions de concurrence des prix et c'est, bien sûr, le consommateur qui paye les conséquences de la mauvaise régulation du marché, notamment celui des fruits et légumes. Ajouter à cela la qualité de la marchandise et les prix proposés à l'achat, qui ne tiennent nullement compte des normes d'hygiène et du faible pouvoir d'achat d'une large frange de la population, objet de transactions occultes de mandataires et revendeurs véreux, sachant que la wilaya de Tizi Ouzou, région très peuplée, avec ses 67 communes et plus de 1 500 villages, est connue pour la densité des échanges commerciaux à l'intérieur et en direction des autres régions du pays. On rappelle que pour mieux contrôler les prix des fruits et légumes, la DCP locale avait bénéficié, «dans le cadre d'un programme national», d'un budget pour la réhabilitation de 14 marchés communaux. Les communes concernées sont Draâ Ben Khedda, Boghni, Draâ El Mizan, Ouadhias, Tizi Ghennif, Boudjima, Azazga, Larbaâ N'Ait Iratène et Aïn El Hammam. Cela dit, faut-il rappeler qu'après la fermeture en 2003 du marché de gros de fruits et légumes, à Tala Atmane, sortie ouest de Tizi Ouzou, les choses se sont aggravées pour les opérateurs concernés. Transféré provisoirement à Tadmaït, le site ne répond à aucune norme de commerce. Le projet d'un marché de gros financé par un privé est tombé à l'eau et cet échec est atténué par le transfert éventuel vers une autre wilaya, par le Conseil national des investissements, du projet de 9 hectares de même nature proposé à Tadmaït. Actuellement, les autorités veulent se tourner encore une fois vers le financement privé pour satisfaire la demande locale en la matière. Cela sans expliquer à l'opinion publique et aux potentiels investisseurs de la région de Kabylie les raisons ou les motivations du recul du premier investisseur dans le domaine. Mépris.