Photo : Riad De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad
Pour se donner bonne conscience, on ronronne que c'est parce que le commerce informel, omniprésent, est indéboulonnable et que l'absence de marchés réguliers de gros et de détail de fruits et légumes est une caractéristique généralisée sur tout le territoire et qu'on ne pourrait éliminer du jour au lendemain. Le plus subtil des trafiquants vous dira que l'Etat ne peut rien devant la déferlante du marché noir et que ses moyens de lutte contre la fraude demeurent dérisoires et que le ver est dans le fruit, représenté par les organismes et les personnels payés par le contribuable. Aussi, «la faiblesse des effectifs de contrôle des opérations commerciales et des moyens matériels dans la région de la Kabylie fait que la situation sur ce plan est plus qu'inquiétante, d'autant qu'il s'agit d'un domaine lié directement au pouvoir d'achat et même à la santé des consommateurs qui ignorent tout de ce qu'on leur propose, l'origine des légumes et fruits, les conditionsde stockage, le transport de marchandises,..etc.», nous déclare un marchand de gros en fruits et légumes d'Azazga qui soutient que «dans ce pays tout est calculé et ce n'est pas un petit détaillant d'ici qui va décider d'une augmentation trop exagérée et en un laps de temps très réduit d'aliments de base pour la majorité du peuple tels que la pomme de terre, les haricots verts, la courgette et même les fèves. Et puis, la légalité a peu de chance de se faire respecter dans ce climat de commerce et d'échanges en tous genres, fait d'anarchie et de désorganisation de toutes les chaînes de commercialisation des produits. L'Etat est tout simplement absent de ces circuits qu'il a pourtant le devoir de contrôler pour le bien-être de la population, notamment les bourses faibles… Peut-être que c'est lié au vote, qui sait ?». D'autre part, la wilaya de Tizi Ouzou ne disposait jusqu'à récemment que d'un semblant de marché de gros au village de Tala-Atmane, à une dizaine de kilomètres à l'est de Tizi Ouzou où normes techniques et d'hygiène et conditions de sécurité font défaut. De plus, il est situé en pleine zone industrielle qui n'en connait pas, d'industrie ! Mais le transfert du marché vers une impasse désaffectée à la sortie ouest du chef-lieu de la commune de Tadmaït où est prévu le futur marché de gros de la wilaya deTizi Ouzou n'a pas pour autant apporté quelque chose de positif à la situation calamiteuse de la qualité des échanges commerciaux dans la wilaya de Tizi Ouzou. Dans ce sens, les services concernés de la wilaya de Tizi Ouzou ont prévu la réhabilitation de 14 marchés de fruits et légumes «dans le cadre d'un programme national», selon la direction du commerce et de la concurrence des prix (DCP). A Tizi Ouzou, on ne cesse de dire que la demande a explosé durant ces deux dernières décennies alors que le nombre de marchés est resté le même depuis une trentaine d'années au moins. La réalisation d'un marché de gros de fruits et légumes par un privé à proximité de la rocade sud «pour contenir toute l'activité de commercialisation de gros de fruits et légumes de la wilaya», selon la direction du commerce (DCP) ne s'est pas encore concrétisée. Retard ? normal, dira-t-on, c'est Tizi-Ouzou.En somme, on pourrait dire qu'il s'agit beaucoup plus d'un problème de volonté d'agir que d'un quelconque obstacle lié à la logistique ou aux ressources humaines et matérielles dans la région de Kabylie. L'été dernier, une opération de police contre les baraques de l'informel et les vendeurs à la sauvette au niveau des trottoirs et chaussées du chef-lieu de wilaya de Tizi-Ouzou a débouché sur un certain assainissement de la cité. Cette opération accueillie favorablement par les habitants de la région s'est malheureusement limitée à l'aspect sécuritaire alors que les services de la DCP ainsi que d'autres directions de wilaya auraient pu continuer sur la lancée, prendre le relais. Enfin, voyant que les prix des légumes ne baissent pas, certains proposent déjà de se tourner « durablement » vers les pâtes.