A la veille de l'ouverture d'une réunion cruciale des opposants à Doha, le Conseil national syrien a vivement réagi aux propos de la secrétaire d'Etat Hillary Clinton qui a durement critiqué ce mouvement. Le CNS a condamné des projets dissimulés «visant à passer au-dessus du Conseil ou à créer des instances le remplaçant», les qualifiant de «tentative de nuire à la révolution syrienne en semant les germes de la division». Le bureau de presse du CNS, a dénoncé l'ingérence de Washington qualifiée d'«impérialiste». «Tout amicale et solidaire que soit la partie extérieure, elle n'a pas le droit d'intervenir dans nos affaires. La Syrie doit prendre ses propres décisions.» Mercredi, Mme Clinton avait estimé que le CNS ne pouvait «plus être considéré comme le dirigeant visible de l'opposition», et plaidé pour qu'il devienne «une partie d'une opposition élargie», en incluant «des gens à l'intérieur de la Syrie et d'autres». La sortie impromptue de Clinton a surpris les observateurs d'autant plus que le CNS a été, longtemps, l'interlocuteur privilégié de Washington dans la crise syrienne. Réagissant à la nouvelle donne, la Russie a critiqué le plan de la secrétaire d'Etat américaine en vue de former une opposition syrienne élargie, accusant Washington de s'obstiner à vouloir renverser le régime en place en Syrie. Pour Moscou, les Etats-Unis «donnent des ordres directs à l'opposition syrienne sur ce qu'il faut faire pour former le gouvernement en exil et qui doit faire partie de ce gouvernement». Un forcing loin de faire parvenir à une solution durable. La Russie soutient plutôt un accord sur les principes d'une transition, adopté justement le 30 juin à Genève par le Groupe d'action sur la Syrie. En réponse à la réaction inattendue des Américains le CNS a tenté de communiquer différemment, pour la première fois depuis sa création en octobre 2011. Le CNS a indiqué avoir reçu des aides internationales d'un montant de 31,1 millions d'euros, dont la moitié de Libye, détaillant même l'utilisation de ces fonds. Clinton avait fait état d'«informations inquiétantes sur des extrémistes». Le Front al-Nosra, un groupe islamiste inconnu avant la révolte, a revendiqué de nombreux attentats et ses combattants sont présents sur le terrain. D'un autre côtés l'exécution de soldats de l'armée syrienne par des rebelles, diffusée sur une vidéo par des militants, commence à susciter l'embarras. L'acte est assimilé à un «crime de guerre», par le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme. La vidéo montre des rebelles frappant une dizaine de soldats blessés, avant de les aligner sur le sol et de les achever en les traitants de «chiens de chabbihas d'Assad». Après visionnage, «les soldats tués n'étaient plus en train de combattre, et par conséquent, à ce stade, cela ressemble très vraisemblablement à un crime de guerre, un de plus», a expliqué le Haut-Commissariat. En juillet 2012, le Comité international de la Croix-Rouge avait qualifié de guerre civile la situation en Syrie. La convention de Genève devrait donc de fait être appliquée. Elle stipule que l'exécution sommaire d'un soldat, en dehors des combats, sans pouvoir se défendre, est un crime de guerre. M. B./Agence