Les pays arabes ont dénoncé, avant-hier, des "crimes contre l'humanité" en Syrie. Ils ont appelé le régime de Bachar al-Assad à cesser "immédiatement" les violences dans le pays où les combats faisaient rage jeudi, notamment à Damas. Face à une guerre civile chaque jour plus sanglante, la Ligue arabe, dont la Syrie a été suspendue de ses travaux, a également dénoncé "la poursuite des violences, meurtres et crimes odieux que commettent les autorités syriennes et leurs milices alliées, les 'chabbiha', à l'encontre des civils syriens". L'organisation panarabe a par ailleurs exprimé sa "profonde inquiétude à propos de la situation humanitaire dramatique: pour le seul mois d'août plus de 100 000 Syriens ont quitté le pays portant à 235 000 le nombre de réfugiés enregistrés dans les pays voisins depuis le début de la révolte en mars 2011, selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Poutine appelle les partenaires de la Russie à changer de position Le président russe Vladimir Poutine a appelé les pays qui participent avec la Russie à la recherche d'une solution au conflit en Syrie à modifier leur position, dans une interview diffusée, avant-hier, par la télévision Russia Today. Pourquoi la Russie seule devrait-elle réexaminer sa position ? Peut-être que nos partenaires dans le processus de négociation devraient eux aussi changer leur position, a estimé M. Poutine. Le président russe souligne que les événements des dernières années montrent que toutes les initiatives de nos partenaires ne se sont pas terminées comme ils l'avaient souhaité, en prenant notamment l'exemple de l'Afghanistan. Les Etats-Unis (puis leurs alliés) sont entrés en Afghanistan. Maintenant tous ne pensent qu'à une seule chose: comment en partir. Et que se passe-t-il dans les pays arabes, en Egypte, en Libye, en Tunisie, au Yémen. L'ordre et le bien-être y règnent ? Et quelle est la situation en Irak ?, a poursuivi M. Poutine. Quant à la politique occidentale de soutien à l'opposition syrienne contre le régime de Damas, allié traditionnel de Moscou, alors il faut ouvrir les portes de Guantanamo, et envoyer tous les prisonniers de Guantanamo en Syrie, qu'ils se battent, c'est exactement la même chose, a déclaré M. Poutine, dans une allusion au camp américain à Cuba où sont détenus depuis 2001 des prisonniers soupçonnés de terrorisme. L'UE en quête d'un rôle constructif Confrontée à un blocage persistant à l'ONU sur la Syrie alors que le bilan du conflit ne cesse de s'alourdir, l'Union européenne cherche à affirmer son rôle dans la région face à la catastrophe humanitaire en cours et à préparer l'après-Assad. La question est au centre d'une réunion des ministres européens des Affaires étrangères qui se tient depuis hier, à Chypre, île méditerranéenne située à une centaine de km des côtes syriennes. Jusqu'ici, l'UE a surtout été en pointe pour sanctionner le régime de Bachar al-Assad. Elle a décrété des embargos sur les armes et le pétrole, ainsi qu'une série de sanctions commerciales et financières, le gel des avoirs de 53 sociétés et administrations et de 155 membres du régime ou leurs proches, également interdits de visa. Désormais, les 27 doivent réfléchir aux moyens de soutenir les efforts du nouvel émissaire international, Lakhdar Brahimi. Ils veulent aussi mieux structurer leurs travaux avec l'opposition syrienne et augmenter leur aide au peuple syrien et aux réfugiés tout en contribuant à la préparation d'une transition politique, juge la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton dans sa lettre d'invitation à cette réunion qui se déroule à Paphos. Au-delà, l'enjeu est également de ne pas rater le coche de la reconstruction du pays, en proie à des luttes d'influence tant de l'Iran et de la Russie que d'autres pays arabes. Assad tombera, tôt ou tard, et l'UE devra alors savoir quelle réponse apporter. Il faut que ce soit préparé longtemps à l'avance, estime un diplomate européen. Berlin, mais aussi Paris ou Rome, jugent urgent que l'opposition, très divisée, se rassemble pour former un gouvernement alternatif. François Hollande avait annoncé fin août que son pays reconnaîtrait un gouvernement provisoire syrien de l'opposition dès sa formation. Paris juge en effet qu'offrir une perspective de reconnaissance à un gouvernement transitoire aiderait l'opposition à se fédérer, une position qui ne fait pas encore l'unanimité en Europe, observe un diplomate européen. L'Armée syrienne libre veut se restructurer Les dirigeants rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL) tentent de réformer cette instance pour surmonter les divisions internes et faire face à la prolifération de groupuscules agissant en son nom mais de manière autonome, a affirmé mercredi dernier, un responsable rebelle. A l'issue de consultations qui devront être conclues dans une dizaine de jours, l'ASL portera un nouveau nom, l'Armée nationale syrienne, a précisé le général Moustapha al-Cheikh, chef du Conseil militaire supérieur révolutionnaire qui chapeaute l'ASL. La nomination à la tête de l'armée rebelle du général Mohammad Hussein Hajj Ali, le plus haut gradé au sein de l'ASL, devrait être également annoncée. Washington veut que l'Irak fouille les avions iraniens volant vers Damas Les Etats-Unis ont réclamé mercredi dernier, à leur allié irakien qu'il fasse atterrir et fouiller les avions iraniens survolant l'Irak à destination de la Syrie, des sénateurs américains redoutant que ces appareils ne transportent des armes pour le régime de Damas. Les sénateurs John McCain, Lindsey Graham et Joe Lieberman, en visite à Bagdad, ont fait part de leur préoccupation au Premier ministre irakien Nouri al-Maliki et au ministre des Affaires étrangères Hoshyar Zebari, à la suite d'un article du New York Times affirmant que l'Iran utilise de nouveau l'espace aérien irakien pour acheminer des armes en Syrie. Nous avons fait part de notre préoccupation auprès de nos partenaires irakiens, a réagi le porte-parole adjoint du département d'Etat, Patrick Ventrell.