Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) accuse le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales d'incompétence dans la gestion des élections locales et d'une volonté délibérée de discréditer la campagne électorale des partis politiques. «Au jour d'aujourd'hui, date du lancement de la campagne, aucun parti politique ne connaît le numéro qui lui est assigné pour l'affichage sur les panneaux, ni les plages horaires réservées sur les médias lourds, ni même le planning des salles pour animer les conférences. Même les commissions locales de surveillance des élections ne sont toujours pas installées. L'administration, qui gère depuis une douzaine d'années, a montré son incompétence dans la gestion des évènements électoraux», assène Belmeki Salah, secrétaire national aux élus et élections et membre de la Cnisel. Pour ce cadre du RCD, ces défaillances enregistrées d'abord dans le retard de l'installation de la Commission nationale de surveillance des élections (Cnsel) et ses sous-commissions de wilaya et commune, est une marque d'incompétence et de manipulation. «L'administration centrale empêche l'accès au fichier électoral -alors que c'est un droit- et avec cette installation tardive de la Cnsel, la fraude sera la constante pour reproduire les mêmes listes. J'ai peur que les mécanismes de contrôle échappent aux partis d'opposition. Il y a une forte incompétence de l'administration pour motiver une fraude massive afin de faire passer des réformes et peut-être même un président. La campagne électorale est escamotée», poursuit-il. Ce constat ne décourage pourtant pas le RCD de participer à ces joutes électorales. Lors de la conférence de presse animée hier au siège national du parti à Alger, il s'agissait de rappeler les raisons de la participation ainsi que la stratégie et le programme adoptés au niveau du bureau régional d'Alger. Le RCD se présente dans la wilaya d'Alger avec 19 listes dont 18 communales et une wilayale. Ce choix «stratégique», tel qu'expliqué par le président du bureau régional Laker Dahmane, est motivé par la confection des listes selon l'importance de la structuration organique du parti dans les communes. «On a refusé de parrainer des listes. Nos candidats sont des gens intègres et compétents et qu'on connaît. Il s'agira de donner l'exemple dans la gestion locale malgré l'adversité», explique ce dernier qui assure que la campagne sera menée à travers les 57 communes d'Alger, «même dans celles où on n'est pas candidats». Dans son intervention, Mebarki Makhlouf, tête de liste de l'APW d'Alger résume le programme local du parti «qui touche 14 secteurs» en trois points essentiels. «Donner un fondement politique au développement à travers le remplacement du système d'un Etat centralisé par un Etat unitaire régionalisé qui n'est pas dissociable de la démocratie participative. Valoriser le droit du citoyen avec plus de justice sociale et en préservant le cadre de vie. Et Insister sur les devoirs de ces mêmes citoyens en associant et responsabilisant ce dernier.» Sur les motivations de la participation du parti aux élections locales du 29 novembre, alors qu'il avait boycotté les dernières législatives, Belmeki Salah explique qu'«il ne s'agit pas de la même nature». «Nous avons boycotté l'Assemblée nationale quand on a constaté que le pays était bloqué. Pour la gestion locale, même si l'opacité reste le maître mot de la pratique, il est toujours possible dans la limite du code de la commune ou de la wilaya, de faire…et d'assurer une certaine transparence et d'instaurer le débat entre l'élu et le citoyen. Notre objectif est de changer l'image de l'élu dans l'imaginaire du citoyen»,argue-t-il en assurant que les élus du RCD sont les seuls à avoir publié les bilans des dépenses des deniers publics. S'agissant de la décision de boycotter les chaînes audiovisuelles publiques, Belmeki accuse ces médias d'être «gérés par des officines occultes pour discréditer le combat politique des partis d'opposition». «Ils nous ont boycotté depuis 11 ans. Ils n'ont jamais couvert nos congrès. Nous sommes le seul parti qui a fait une passation de consignes entre deux générations et c'est passé sous silence. Il faut attendre la fin biologique de cette gérontocratie pour pouvoir s'exprimer sur ces instruments de propagande», tranche l'intervenant. S. A.