Les nouvelles mesures régissant le Code de la route, entrées en vigueur le 2 février 2010 afin de diminuer le terrorisme de la route, n'ont pas eu l'effet escompté, le nombre des victimes des accidents n'ayant pas connu une évolution négative alors que les autorités en charge de la question n'ont pas encore jugé utile de revoir leur copie ou du moins expliquer à l'opinion publique les raisons de l'hécatombe sur les routes du pays. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, ils étaient près de 2 400 automobilistes à avoir été touchés par la campagne de sensibilisation sur le sujet avant l'entrée en vigueur des nouvelles mesures, selon les services de sécurité de la wilaya. Ces mesures concernent notamment une forte amende pour non port d'une ceinture de sécurité qui est passée de 800 DA à 4 000 DA, celle de l'usage du téléphone portable au volant de 1 500 DA à 4 000 DA, les amendes concernant les dépassements dangereux et le non respect de la priorité sont passées respectivement à 2 000 DA et à 4 000 DA. Et tout récidiviste est sanctionné par un retrait définitif de son permis de conduire.Dans le fond, c'est seulement la poche des automobilistes qui est visée par ces nouvelles mesures, omettant les autres aspects des causes des nombreux accidents de la route. Comme si le facteur humain seul est à l'origine des causes des accidents de la route. La qualité mais aussi la quantité et la diversification des moyens de transport n'ont pas suivi et les automobilistes et les transporteurs de marchandises continuent de voyager dans des conditions plus que difficiles pour plusieurs raisons, entre autres, relâchement dans l'application des mesures prises, routes saturées et dégradées, conditions floues et critiques du passage et d'obtention du permis de conduire, multiplication de barrages fixes des services de sécurité sur les grands axes routiers comme la RN 12 pour lutter, justifie-t-on contre le fléau du terrorisme (six barrages fixes, entre gendarmerie et police, sur 37,5 kilomètres sans que la situation sécuritaire s'apaise), squat des bordures de routes par les marchands de fruits et légumes, dos d'âne sauvages, œuvre de riverains pour la protection des piétons ou d'individus sans scrupules poussés par des motivations de gain rapide, transforment la RN 12 en un bouchon serré et causant des désagréments aux passagers et voyageurs (on en compte 40 000 automobilistes/ jour), chantiers interminables de travaux publics avec leur lot de désagréments, non réception d'infrastructures routières capables d'influer positivement sur le nombre d'accidents de la route, l'ignorance par les autorités des paramètres de l'explosion, cette dernière décennie, du parc automobile, diversification des moyens de transport, notamment le transport ferroviaire resté à l'état précaire, etc. à titre d'exemple, on citera le projet de dédoublement de l'axe routier Azazga- Tizi Ouzou de la RN12, sur près de 38 kilomètres, un tronçon qui constitue un véritable couloir de la mort pour les automobilistes. Ledit projet date de 2006 et jusqu'à présent les travaux trainent en longueur et sa livraison ne semble pas pour demain. Cette route qui n'a pas subi d'améliorations depuis des décennies continue de tuer ou de causer presque tous les jours des accidents graves. Sur ce tronçon de la RN 12, un décompte officiel récent avait fait état de plus de deux accidents par jour.Pour rappel, dans le bilan annuel pour l'année 2011 de la direction de la Protection civile pour la wilaya de Tizi Ouzou, il est fait état de 1 151 accidents de la circulation causant le décès de 35 personnes ( 33 hommes et 2 femmes) et 1 262 blessés (822 hommes, 276 femmes et 94 enfants), soit une augmentation de 45% en par rapport à l'année précédente ( 2010) où la wilaya avait enregistré 793 accidents, 26 morts et 886 blessés. Les véhicules mis en cause étaient au nombre de 1 205 véhicules légers, 114 camions, 24 bus, 30 mobylettes, 12 tracteurs et 13 engins divers. La même source précisait que le nombre annuel d'accidents de la route a, pour la première fois, dépassé le seuil intolérable de mille accidents de la route. La commune de Tizi Ouzou (chef-lieu de wilaya) occupe la première place, avec 375 accidents, suivie de Draâ Ben Khedda (197), Azazga (47), Ouadhias (37), Tadmaït (36), Azeffoune et Mekla (33), Fréha (32), Bouzeguène, Draâ El Mizan et Tizi-Rached (24) et enfin Aïn El Hammam (23 accidents). Comme toujours, la RN12 arrive en tête des points noirs de la circulation automobile dans la région, suivie par les chemins de wilaya, les chemins communaux et la rocade Sud. Les zones semi- urbaines et à la périphérie des grandes agglomérations sont aussi le théâtre de cette hécatombe.Enfin, de leur côté, les brigades routières des services de sécurité qui constatent un accident toutes les 20 minutes et un mort toutes les 3 heures soulignent que l'excès de vitesse, les dépassements dangereux, l'insouciance des piétons et le non respect de la distance de sécurité et la circulation sur la gauche sont les principales causes des accidents de la route en Algérie. Mais qui pourra endiguer la violence routière qui est la deuxième cause de mortalité en Algérie après le cancer ?