Les accidents de la route sont devenus l‘une des causes de mortalité importante en Algérie. Ils tuent plus que toute autre maladie. Ce qui place l'Algérie à la troisième position du triste podium mondial des pays où l'on enregistre le plus d'accidents de la circulation. L'ampleur du phénomène a atteint, ces dernières années, un seuil d'alerte particulièrement inquiétant. En dépit des mesures répressives introduites par le nouveau Code de la route en vigueur depuis 2010, les accidents sont en hausse et rien ne semble les freiner. Les mesures coercitives n'ont pas pu stopper les comportements réfractaires et délictuels des automobilistes. Si le citoyen lambada est tenu de se soumettre au Code de la route, ce n'est pas le cas d'une certaine catégorie qui n'a jamais de mal à s'en sortir en usant de passe-droits.En 2011, l'Algérie a enregistré 4 600 morts, dont 43% relèvent de la responsabilité des bus et des camions (1 560 accidents). On oublie, toutefois, de parler des accidents provoqués par les motocyclistes qui sont, pourtant, de plus en plus nombreux. Les accidents mortels impliquant une moto sont beaucoup plus graves que les accidents de voiture, de 4 à 7 fois (la gravité augmente très vite avec la vitesse). Le constat est, aujourd'hui, sans appel. Les accidents de la route font chaque jour des victimes. Le nombre d'accidents de la route a augmenté de 12,26% au cours des 8 premiers mois de l'année 2012 par rapport à la même période de 2011, avec un total de 4 699 accidents, faisant 3 055 morts, selon les statistiques du Centre national de prévention et de sécurité routière. Si les facteurs clairement identifiés de ces accidents sont le non respect du Code de la route, l'excès de vitesse, les dépassements dangereux, le non respect de la distance de sécurité ainsi que le comportement des piétons, l'état déplorable des routes n'est pas moins mis en cause. Une enquête réalisée par la Direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn) fait ressortir que les détenteurs de permis de conduire datant de 2 à 5 ans représentent une part importante du nombre de conducteurs impliqués dans des cas d'accident. Au banc des accusés, les poids lourds impliqués, ces dernières années, dans pas mal d'accidents mortels. Selon la Protection civile, des dégâts importants sont causés par les véhicules de la catégorie des poids lourds, avec 2 996 accidents de janvier à août 2012, soit environ la moitié du nombre total d'accidents enregistrés durant cette période. Plusieurs facteurs sont mis en cause, comme le non respect par les conducteurs des heures de conduite et de repos, en raison du manque d'aires de repos, ainsi que la facilité avec laquelle sont obtenus les certificats de conduite professionnelle. Pour arrêter ces chauffards, les pouvoirs publics avaient annoncé l'installation, sur des véhicules de transport de marchandises et de voyageurs, de chronotachygraphes appelés communément «mouchards», des appareils, qui outre, la vitesse, enregistrent le temps de conduite et d'arrêt du véhicule, permettant ainsi de déterminer la responsabilité du conducteur en cas d'accident. Mais les pouvoirs publics s'étaient vite rétractés, estimant que l'Algérie n'était pas prête pour l'entrée en vigueur d'une telle mesure. «Les textes d'application de l'article 49 de la loi 2001-14 du 19 août 2001, relative à l'organisation, la sécurité et la police de la circulation routière, n'ont pas encore été adoptés par le gouvernement», selon une source proche du ministère des Transports. La mise en application du texte de loi qui stipule que tout véhicule de transport de marchandises dont le poids total autorisé en charge est supérieur à 3,500 tonnes et de transport de personnes de plus de 15 places doit être équipé d'un dispositif de contrôle et d'enregistrement de la vitesse (chronotachygraphe), ce n'est pas pour demain. Il faut compter plusieurs mois pour la mise en oeuvre de cet article de loi, car même après son adoption, l'acquisition des fameux mouchards et leur placement dans tous les véhicules concernés prendra quelque temps.Impuissants face à une insécurité routière préoccupante, les pouvoirs publics prônent le «tout répressif». Ils optent pour le permis à points, un outil qui permet de mettre fin aux dérives sur la route et de responsabiliser les conducteurs et en sanctionnant ceux qui ne respectent pas les règles du Code de la sécurité routière. Annoncé depuis plusieurs années, l'instauration du permis à points ne devrait plus tarder. Un système qui a fait ses preuves en réduisant, dans certains pays, de moitié le nombre de personnes tuées sur les routes. Selon le ministre des Transports, qui appelle à un renforcement des sanctions pour lutter contre le terrorisme routier, ce permis est, avant tout, un outil préventif et pédagogique. «Les textes d'application relatifs au permis de conduire à points seront promulgués vers la fin de l'année» avait, récemment, affirmé le ministre des Transports, Amar Tou. Le lancement de ce permis est conditionnée par l'établissement d'un fichier national des infractions au Code de la route, d'un fichier national du permis de conduire et du fichier national de la carte grise, avait-on indiqué. Ces trois fichiers sont en cours d'élaboration au niveau du ministère de l'Intérieur. Le permis à points devra traverser une phase de transition, étape purement pédagogique qui n'est pas définie dans le temps, au cours de laquelle le conducteur devra s'y adapter de manière à ce que toute infraction qu'il aura commise lui coûtera la perte de points inscrits sur son permis pouvant aller jusqu'au retrait du permis après la perte de 24 points, rappelle-t-on. Ainsi, le conducteur en infraction peut récupérer les points perdus en suivant une formation jusqu'à ce qu'il améliore sa conduite et soit convaincu qu'il est redevable à la société par le fait d'avoir commis des erreurs. Cette phase transitoire est importante dans la mesure où la commission d'évaluation des infractions relevant de chaque wilaya sera en mesure d'établir une liste des infractions et la nature des sanctions, explique-t-on. Pour l'heure, la multiplication des campagnes de sensibilisation, le durcissement des peines à l'encontre des contrevenants au code de la route et l'entrée en vigueur du permis à points demeurent les moyens les plus indiqués pour arrêter l'hémorragie et mettre un terme à la violence routière. Encore faut-il que personne ne soit placé au-dessus de la loi ! A. B.