De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Le premier trimestre de l'année scolaire 2008-2009 est bien entamé dans la wilaya de Tizi Ouzou, avec les contraintes habituelles et les efforts affichés des autorités, dilués dans des difficultés de prise en charge et de garantie de conditions appréciables quant à la scolarité des enfants. Cependant, cette année, l'entrée en application de la réforme du système éducatif, défendue bec et ongles par M. Benbouzid, ministre de l'Education nationale, a quelque peu relégué au second plan la liste des doléances habituelles ; doléances qui sont autant de revendications des enseignants, des parents d'élèves et des élèves, les trois segments de la famille de l'éducation, qui subissent, à chaque échec dans la mise en œuvre des nouveaux programmes par la tutelle, les critiques les plus vives. Si la surcharge (volume des unités pédagogiques et matières dispensées) des nouveaux programmes et la suppression de l'enseignement technique et son remplacement par l'enseignement technologique occupent toujours d'actualité et sont au cœur des débats entre défenseurs et adversaires de ces options de la politique de l'éducation et autres experts du domaine à l'échelle nationale, les problèmes que vivent au quotidien les enfants et leurs enseignants resurgissent à chaque difficulté que rencontrent ces parents pauvres de l'éducation. En effet, nul ne peut ni ne doit occulter la réalité. Car, au moment où la tutelle annonce son satisfecit quant aux conditions de la rentrée scolaire 2008-2009 dans la wilaya de Tizi Ouzou, qui compte 21 1579 élèves, tous paliers confondus, avec notamment en ce qui concerne la disponibilité des enseignants de français, le nombre «suffisant» de places pédagogiques dans le moyen, 57 387 élèves, (un déficit était prévisible avec le passage simultané au collège des classes de 5e et 6e années de l'année scolaire précédente) et «des conditions de choix» pour les 13 211 nouveaux élèves inscrits en préscolaire, occupant 739 salles de classe. Ainsi, à Tala Meqqwer, petit village déserté, distant de 25 kilomètres du chef-lieu de la commune de Sidi Naamane et qui dépend de la daïra de Draa Ben Khedda, l'école constitue une autre paire de manches et la vie n'y tient qu'à un fil. Pauvreté, misère et insécurité sont les maîtres mots des lieux à Tala Meqqwer. La seule école, en préfabriqué, datant de l'époque coloniale, a été fermée pour des raisons de sécurité, les enseignants affectés à l'établissement ayant refusé de rejoindre leur poste. «La seule école de notre village est actuellement fermée et nos enfants vont quotidiennement à pied jusqu'à Zebouj Qara, un village limitrophe, à environ 10 kilomètres d'ici, pour suivre les cours ; le ramassage scolaire n'est pas disponible, c'est extrêmement dur pour eux et pour nous parents, impuissants devant cette situation», déclare un parent d'élève faisant partie des quelques familles pauvres qui n'ont même pas les moyens de fuir le danger terroriste et de se mettre à l'abri de la mort qui les guette à tout instant, à l'instar d'autres familles plus ou moins aisées qui avaient plié bagage au début de l'époque du terrorisme. Il affirme que l'école du village, vieille de plusieurs décennies, a servi et sert toujours de refuge pour nombre de familles dont les maisons ont été ravagées par des incendies commis par des terroristes ou détruites par les catastrophes naturelles. Tala Meqqwer n'est épargnée ni par les humains ni par la nature. Il n'est pas sans rappeler qu'en ce qui concerne la fermeture, au cours de l'année scolaire, d'une quarantaine d'écoles primaires dans la wilaya de Tizi Ouzou, le terrorisme et la pauvreté sont parmi les causes principales avouées par les autorités. Pour les enfants en âge d'être scolarisés du village de Boumhala, 7 kilomètres plus loin, la situation est beaucoup plus chaotique, selon la même source, qui indique qu'«ici, [Boumhala, ndlr] la plupart des enfants ne savent pas ce qu'est une école». Pour des raisons d'ordre sécuritaire, bon nombre d'habitants ont été contraints d'abandonner leur domicile alors que certains, sous la menace terroriste, ont dû quitter leur foyer. Un village tout simplement fantomatique, sans sécurité ni infrastructures de base ; l'école est aussi sans domicile à Boumhala.