De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad La santé traduit justement le niveau de développement du pays. Si les difficiles conditions de vie sociale de la majorité écrasante des parents des enfants scolarisés favorisent et multiplient les risques de maladies, la prise en charge de certaines graves pathologies est nettement plus problématique en raison de l'indisponibilité de ce genre d'offres aux unités de dépistage et de soins (UDS) et de la cherté des soins exigés par les médecins privés. La situation sanitaire des 211 579 enfants de la wilaya de Tizi Ouzou, scolarisés dans les trois paliers, demeure très en deçà des objectifs et promesses des responsables du secteur, dont les initiatives restent impuissantes devant l'ampleur des besoins d'une zone sensible qui s'enfonce chaque jour davantage dans le dénuement et la misère sociale. Alors qu'il est parfaitement établi que les 40 UDS des 67 communes que compte la wilaya de Tizi Ouzou ne sont pas suffisantes pour répondre à la moindre des actions sanitaires telles que la couverture vaccinale (le taux national avoisine les 80% selon le ministère de la Santé), il est de ce fait inutile de souligner que, la prise en charge des maladies chroniques ou autres handicaps nécessitant un suivi durable et surtout coûteux pour les enfants des familles défavorisées, le médecin de l'UDS se contente systématiquement d'une ordonnance de recommandation de l'enfant malade vers un cabinet médical privé pour toute consultation spécialisée. Le faible nombre de cas d'enfants atteints de maladie chronique ou autre pathologie pouvant causer un handicap mental ou physique, pris en charge totalement par le dispositif médical mis en place reflète toute les défaillances du système sanitaire destiné aux écoliers et l'affliction morale de ces milliers de parents, condamnés à affronter, eux aussi, la maladie de leurs enfants. Il y a quelques jours, 4 cas de méningite bactérienne (la presse en a annoncé une douzaine) ont été signalés dans deux écoles des communes de Illoula Oumalou et Yakourène. Ce n'est qu'après coup que les 400 élèves scolarisés ont été vaccinés, est-il écrit dans un récent rapport de la DSP de la wilaya de Tizi Ouzou. Ce rapport du mois de novembre en cours signé par la direction de la santé et de la population (DSP) de la wilaya de Tizi Ouzou avance le chiffre de 196 000 élèves ayant fait l'objet d'un dépistage médical et de 47 134 autres soignés dans le secteur sanitaire public au cours de l'année scolaire précédente. Le même document informe que le nombre d'élèves atteint de carie dentaire est de 55 146, soit plus de 70% des enfants dépistés. 10 000 élèves auraient bénéficié de soins bucco-dentaires, selon la même source. La carie dentaire arrive en tête des pathologies qui touchent le plus les enfants d'Algérie. 3 % des élèves de Tizi Ouzou ont un problème d'acuité visuelle et un peu moins de 2% souffrent de difficultés scolaires et troubles du comportement nécessitant une prise en charge psychologique. 1 890 élèves (1 %) présentent des symptômes du souffle cardiaque, 224 sont diabétiques et 430 élèves souffrent d'asthme. Cette situation est bien loin des objectifs tracés par la tutelle, au sujet desquels un responsable avait affirmé au début de la réforme scolaire que la santé scolaire viserait «au bien-être de l'enfant scolarisé, tout en lui fournissant un ensemble de prestations sur les plans préventif, curatif et éducatif, afin de lui assurer un développement physique, mental, intellectuel et social harmonieux». Des projections faisant état de laisser ouvertes les UDS pendant les vacances scolaires (une décision ô combien utile, surtout pour les enfants souffrant de maladies chroniques) et l'amélioration des conditions matérielles des sites et des fonctionnaires des UDS ont été faites par des cadres du secteur. Mais les résultats sont là et les engagements vite oubliés.