Les travailleurs de l'Entreprise de transport urbain et suburbain d'Alger (Etusa) poursuivaient, hier, leur mouvement de protestation pour la quatrième journée consécutive et rien n'indique un dénouement proche de la crise du fait que les deux parties en conflit campent sur leurs positions respectives. Les manifestants demandent le départ du directeur général de l'entreprise, du président de la Fédération nationale des travailleurs des transports (Fnts) et la dissolution du bureau actuel du syndicat d'entreprise. Le directeur général et autres responsables représentants la partie adverse maintiennent leurs propos sur le bon fonctionnement de l'Etusa et les bonnes relations de travail. Hier, dix employés de l'entreprise, considérés comme perturbateurs ou encore «meneurs de grève» ont comparu devant le tribunal d'Alger (Abane Ramdane) suite à une plainte déposée par le DG. «Tous les dix ont eu gain de cause. Ils doivent être réintégrés d'office mais ce n'est pas encore fait. Déjà, leur réintégration est décidée depuis le 16 octobre dernier, le jour de la signature du protocole d'accord conclu entre la direction générale et le SG de l'Ugta, Sidi Saïd. Nous attendons cette réintégration mais elle ne vient pas», rapporte un des travailleurs protestataires, sous une pluie battante. «Qu'il pleuve ou qu'il neige, nous maintenons notre mouvement. Nous restons ici jusqu'à la satisfaction totale de nos revendications», a-t-il dit. «J'ai 31 ans de service et je continue à percevoir un salaire de base de 11 800 dinars. Le net est de 22 000 dinars. Heureusement qu'il y a les allocations familiales (père de cinq enfants) et que j'exerce une autre activité en parallèle pour arrondir les fins de mois», confie notre interlocuteur. «Je travaille durant les périodes des fêtes. Je suis zernadji», poursuit-il, quelque peu hésitant. En comparaison avec d'autres, «lui est bien» sur le plan social. «Un de mes camarades a été chassé au bout d'un seul contrat. Le pauvre, nouveau marié, s'est retrouvé au chômage, avec une femme et un enfant à charge», raconte un autre. «Un autre s'est vu interdire la prime du mouton parce qu'il n'avait que deux mois avec nous.» Cette prime du mouton est chose nouvelle à l'Etusa, selon les dires de notre interlocuteur: «Ils ont commencé à nous donner cette prime l'année dernière.» Par ailleurs, indique un autre travailleur parmi les protestataires qui se sont rassemblés, hier, devant le siège de la centrale syndicale Ugta, des stagiaires de la formation professionnelle ont été appelés pour travailler, durant cette période de grève, comme receveurs. «C'est grave ce qu'ils sont en train de faire. Ce n'est pas parce qu'ils cassent notre mouvement par cette manière de faire, mais parce qu'il est strictementinterdit d'employer des apprentis des établissements de formation professionnelle. Les parents peuvent les attaquer en justice.» A la station El-Mokrani de la Place du 1er Mai, l'espace est occupé par des bus privés. Pas trace des bus bleu et blanc. Une belle occasion pour les bus privés de récupérer une certaine clientèle, mais un coup dur pour de nombreux usagers qui souffrent des comportements des chauffeurs et receveurs des bus privés qui n'en font qu'à leur tête. C'est aussi une situation très difficile pour les étudiants du fait de la paralysie des bus de l'Onou, appartenant justement à l'Etusa. La grève se poursuit encore aujourd'hui et les protestataires ne comptent pas lâcher prise jusqu'à ce qu'il y ait des acquis bien concrets. Et l'un de ces protestataires de s'écrier : «A nous, ils refusent une augmentation de salaire, ils se plaisent à nous donner des acomptes de 2 000 dinars mais pour eux tout est permis. Où est l'argent de la publicité ? Où est l'argent donné par ces entreprises qui utilisent nos bus ? Où est l'argent des festivités du 5-Juillet ?». D'autres interrogations s'imposent en pareille situation, mais seuls quelques proches des hautes sphères de l'Etat pourraient donner des réponses justes et convaincantes. K. M.