Les deux chambres du Parlement se réunissent, aujourd'hui, au palais des Nations à Alger pour légiférer sur le projet de loi portant révision partielle de la Constitution, proposé par le président de la République Abdelaziz Bouteflika. Les membres du Sénat et leurs pairs de l'Assemblée populaire nationale examineront, donc, les amendements introduits dans la loi fondamentale du pays pour se prononcer, ensuite, à leur sujet. S'il est presque inutile de faire un pronostic sur l'issue prévisible de cette consultation, il convient en revanche d'insister sur les valeurs et les mesures pratiques qu'il va falloir adopter a posteriori pour parachever la construction d'un système démocratique équilibré et parfaire l'exercice des mandats politiques. Evidemment, les modifications proposées ont déjà recueilli l'assentiment de larges pans de la société civile algérienne et bénéficient de l'appui de la majorité parlementaire. Les syndicats, les organisations de masse, les associations de jeunes, les collectifs de femmes et les unions professionnelles ont majoritairement apporté leur caution à ce changement, jugé nécessaire pour répondre aux nouveaux défis qui se posent au pays. Les formations dites de l'Alliance présidentielle détiennent, par ailleurs, la majorité écrasante nécessaire à l'adoption de cette nouvelle Constitution. Le texte ainsi remanié insiste notamment sur la stricte séparation des pouvoirs entre les différents leviers de l'Exécutif, la promotion des valeurs citoyennes ainsi que la sauvegarde du patrimoine et des valeurs fondatrices de l'Etat algérien moderne. Ce sont là des points essentiels qui répondent aux doléances des différents courants sociopolitiques qui traversent l'Algérie depuis plus d'une quinzaine d'années. Même si tous les observateurs focalisent sur la question relative à la non-limitation des mandats présidentiels consécutifs et l'intention supposée de l'actuel chef de l'Etat de briguer un troisième mandat en 2009, la réforme présentée répond principalement à des revendications populaires bien ancrées. Sans aucune surprise possible, le vote des parlementaires sera certainement favorable. Seulement, il ne suffit pas de voter les meilleures lois pour garantir aux Algériens le bien-être social, le progrès, la justice et l'Etat de droit. Il va falloir travailler dur pour cela. A commencer par les institutions de l'Etat qui sont appelées à se rapprocher davantage des soucis quotidiens du citoyen, à lutter efficacement contre la corruption et les passe-droits, à rationaliser l'exploitation des richesses nationales et à œuvrer dans le sens de l'émancipation des populations. Les représentants de la société civile sont aussi tenus d'apporter leur contribution à ce vaste chantier. Il y a un tas de valeurs qui conditionnent toute construction de cette envergure. La tolérance, la transparence, le respect de l'autre, l'ouverture au dialogue, la liberté d'opinion et l'égalité des chances sont, entre autres, autant de conditions indispensables pour enraciner véritablement la citoyenneté. Accepter sereinement la critique, reconnaître les droits de tout un chacun, insister sur les devoirs de toutes les catégories sociales, s'acquitter convenablement de ses obligations, récompenser le travail bien fait, se remettre constamment en question et promouvoir le débat contradictoire figurent également parmi les ingrédients nécessaires pour gagner l'adhésion des citoyens. L'Algérie digne et prospère exige la participation de tous dans le respect des lois de la République. C'est à ce prix là que se payent les fruits de n'importe quelle révision. Avoir de bonnes lois est un excellent début. Mais pour en tirer pleinement profit, il faut absolument veiller à leur application quotidienne sur le terrain. K. A.