La récolte de pomme de terre d'arrière saison pour la campagne 2012 n'a pas accusé de retard et devrait même enregistrer une hausse de 30% par rapport à celle de 2011, a indiqué mercredi le président du Conseil interprofessionnel de cette filière. "La production d'arrière saison est bonne. La récolte est arrivée à temps, à partir du 1er novembre au lieu du 15, alors que l'on redoutait un retard à cause des grosses chaleurs de l'été", a déclaré à l'APS M. Bachir Séraoui. Selon les prévisions du secteur, la production de cette primeur pourrait dépasser les 15 millions de quintaux, soit une hausse de plus de 30% par rapport à la récolte d'arrière saison de 2011, correspondant à fin octobre-fin janvier. Les quantités de pommes de terre fraîches mises actuellement sur le marché proviennent essentiellement d'El Oued et des wilayas du centre comme Tipaza et Boumerdes, alors que les récoltes ne font que commencer à Mostaganem, une importante région de production de ce tubercule. La production d'autres régions sera progressivement mise sur le marché notamment celle de Relizane, Ain Defla, Mascara et Chlef. Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, en concertation avec l'interprofession, avait décidé en septembre dernier d'effectuer une importation d'appoint de pomme de terre en prévision d'un décalage dans les plantations, du notamment à la canicule et au manque de mains d'œuvre, ce qui pouvait retarder la récolte d'arrière saison. Pour ne pas pénaliser les producteurs nationaux, les pouvoirs publics et les professionnels de la filière avaient fixé le niveau de ces importations à 2% (environ 150.000 tonnes) maximum de la production nationale. Toutefois, des quantités infimes, estimées à environ 8.200 tonnes seulement, ont été importées en raison des révisions à la hausse des récoltes. La superficie consacrée à la production de pomme de terre d'arrière saison est estimée à 56.000 ha dont 10.000 ha réservés à la semence. Pour autant, les prix restent relativement élevés. Les prix d'un kilogramme de pomme de terre s'affichent entre 40 et 65 DA sur les marchés de la capitale. "Cette hausse est injustifiée", estime M. Séraoui, soulignant que le prix de la pomme de terre affiché chez l'agriculteur ne dépasse pas 30 DA/kg et 35 DA/kg au niveau des marchés de gros. "Ce n'est pas normal de payer la pomme de terre à plus de 40 DA en cette période d'abondance", a-t-il déploré. Cette hausse des prix de la pomme de terre sur les marchés est due notamment au manque de marchés de gros et de proximité qui engendre une multiplication des intermédiaires. Interrogé sur les stocks mis en place en prévision de la prochaine période de soudure (mars-avril), M. Séraoui a affirmé que des précautions seraient prises pour "être à l'abri de toute pénurie". Le Système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac) "s'améliore davantage" en créant des "stocks dynamiques", c'est-à dire "échelonner les opérations de stockage et de déstockage sur une durée plus longue", explique le même responsable. Les intempéries de février dernier, accompagnées d'importantes chutes de neige, avaient contraint les opérateurs publics et privés de déstocker toute la production emmagasinée pour approvisionner le marché pendant la période de froid. Mais, ces conditions climatiques avaient provoqué un décalage de 40 jours pour la récolte de saison, poussant les prix de ce produit de large consommation à des niveaux sans précédent. Plus de 100.000 tonnes de pommes de terre stockées ont été mises sur le marché entre fin septembre et début octobre derniers, a fait savoir M. Séraoui. Les mesures incitatives prises par les pouvoirs publics et l'organisation interprofessionnelle de la filière ont relancé la production de la pomme de terre. Celle-ci est passée de 2,6 millions de tonnes en 2009 à 4,2 millions de tonnes en 2012, dépassant l'objectif assigné au secteur à l'horizon de 2014, à savoir 4 millions de tonnes.