Inaugurée le 18 novembre dernier, une grande exposition rétrospective de l'artiste peintre Lazhar Hakkar se tient au Musée national d'art moderne et contemporain (Mama). Intitulée Traversée de la mémoire, l'exposition regroupe plus de 300 œuvres de l'artiste, qui s'inspire visiblement aussi bien du vécu que des mythes.Installée sur trois niveaux, on retrouve au sous-sol du musée les fresques géantes de l'artiste, des toiles de 160x200, toutes réalisées avec la technique de peinture mixte sur toile. Adepte de l'art figuratif, l'artiste nous offre des tableaux impressionnants, où les visages de femmes aux diverses expressions côtoient des symboles en tifinagh, comme la fresque intitulée Héritier des signes ou encore Hizya où la couleur bleue domine. Dans les œuvres de Hakkar, l'homme est omniprésent. Des silhouettes dans différentes postures sont peintes pour raconter l'histoire et rendre hommage à des événements qui ont marqué notre histoire, comme dans la fresque Reggane pour que nul n'oublie. On retrouve aussi des œuvres apaisantes et troublantes, qui dégagent une force et suscitent des impressions mitigées chez l'observateur. Une grande fresque rend hommage aux morts lors des dramatiques inondations survenues à Bab El Oued le 10 novembre 2001, avec des faces noyées dans l'eau. L'œuvre est intitulée Bab El Oued la coulée. Mais ce qui retient le plus l'attention du visiteur, c'est bien cette fresque qui regroupe une série de tableaux tel un puzzle et dont le titre, Traversée de la mémoire, a été donné à l'exposition. L'œuvre raconte l'histoire de l'homme et du pays. Par ailleurs, on relèvera que l'artiste peint ses œuvres avec une grande attention pour l'harmonie des couleurs. Lazhar Hakkar a également un penchant particulier pour les éléments de la nature, l'eau, la terre et le feu. Le reste des œuvres est exposé aux 1er et 2e niveaux du musée. De formats moyens, on y retrouve aussi les mêmes influences et inspirations de l'artiste.Réunissant d'anciens tableaux et des œuvres nouvelles, cette rétrospective met à nu un artiste très inspiré par les légendes et les mythes ancestraux, les formes et les visages, ainsi que les symboles qui sont omniprésents dans cette exposition, qui ne laissera certainement nul observateur indifférent.Né en 1945 à Khenchela, l'artiste fait ses études de 1963 à 1968 à l'Ecole nationale des beaux arts, avant de se consacrer entièrement à la peinture. En 1975, il est nommé responsable du service de création dans une entreprise publique de textile, la Sonitex.Inscrite dans le cadre de la célébration du 50e anniversaire de l'Indépendance, la rétrospective est au Mama jusqu'au 10 février 2013. W. S.