Photo : Sahel Par Amar Rafa Les résultats dégagés par les urnes des élections pour le renouvellement des assemblées locales, livrent plusieurs enseignements. Sans surprise, le FLN a gardé sa place de première force politique du pays, c'est le constat premier qu'offre une lecture à chaud des chiffres, le doyen des partis ayant obtenu la majorité absolue dans 159 communes, et la majorité relative dans 832 communes sur les 1 541 que compte le pays. Des chiffres qui permettent à Belkhadem d'espérer présider 1 000 communes, après la formation d'alliances avec d'autres partis. Le FLN a également remporté 685 sièges aux assemblées populaires de wilayas (APW), et obtenu la majorité absolue dans les wilayas d'Alger et Sidi Bel Abbès. Il est suivi du RND, qui a remporté la majorité absolue dans 132 communes et la majorité relative dans 215 assemblées communales, ainsi que 487 sièges. Ces deux partis sont suivis par les indépendants, qui contrôlent 17 communes et du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) qui a obtenu la majorité absolue dans 13 communes, principalement en Kabylie. Ces élections ont permis aussi l'émergence de plusieurs autres forces politiques, notamment du Mouvement populaire algérien (MPA) de Amara Benyounès, l'actuel ministre de l'Environnement, qui a constitué la révélation de ce scrutin en remportant une majorité absolue dans 12 communes et en se classant à la troisième position dans le scrutin pour les APW (assemblées populaires de wilaya), avec 103 sièges. Vient ensuite le Front des forces socialistes (FFS), avec 91 sièges, et le Mouvement pour la société de la paix (MSP) et les Indépendants avec 76 sièges chacun. Ces formations sont talonnées par le Parti des travailleurs (PT), qui a obtenu 72 sièges, le Front national algérien (FNA), qui a remporté 64 sièges, suivies de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV) et du parti El Moustakbal avec respectivement 54 et 38 sièges. On note ainsi un recul des partis de la mouvance islamiste, à la lumière des résultats obtenus lors de ce double scrutin par le Mouvement de la société pour la paix (MSP) et ses alliés de l'Alliance de l'Algérie verte, qui n'ont obtenu la majorité que dans 10 communes. Le MSP a perdu 6 communes par rapport à son score en 2007 (16 communes). Le FNA, qui avait obtenu 15 communes en 2007, n'en a gagné 9 que lors de ce scrutin, est également en perte de vitesse. Au delà des résultats chiffrés, qui confirment globalement les prévisions des observateurs, quant à la tendance lourde, les mêmes causes donnent toujours les mêmes effets, ces élections ressemblent à s'y méprendre aux législatives, en ce sens qu'elles consolident les résultats des forces politiques déjà ancrées dans la société. En revanche, le double scrutin des locales, aura été édifiant sur le poids politique des nouvelles formations qui n'auront pas réussi, à quelques exceptions près, à émerger en raison d'un environnement quelque peu décourageant, qui leur impose de jouer les seconds rôles de figurants sur la scène politique, en raison des restrictions qui leurs sont imposées par la loi électorale. Il est vrai aussi que les formations agréées récemment ont été les plus grandes victimes de l'abstention à ces élections, qui a atteint un taux de 55%. Un chiffre considérable, qui confirme aussi les appréhensions des partis lors de la campagne électorale, où ils ont multiplié les appels aux citoyens pour qu'ils se rendent aux urnes, en vain, puisqu'ils n'ont pas réussi. Et, si l'on prend en compte le nombre de bulletins nuls (près d'un million) enregistrés lors de ces élections, faut-il l'interpréter comme un acte politique ? Rien d'étonnant, pour les observateurs avertis, cette défection n'est que la conséquence logique d'une campagne électorale qui n'aura pas réussi à emballer les Algériens, tient-on à rappeler, et marquée par le désintérêt de la chose politique. Un phénomène qui interpelle sociologues et politiques, pour donner des explications autrement plus rationnelles que celles avancées jusque là, et qui jettent la pierre aux partis en leur imputant l'entière responsabilité.