Après une première édition, peu concluante, en 2006, le Conseil national de l'ordre des architectes reprend la même thématique, portant sur le rôle de l'architecte dans l'art de construire, en organisant, les 15, 16 et 17 décembre, à Oran, les deuxièmes Assises de l'architecture. Un rendez-vous d'importance majeure, attendu par les professionnels du domaine, les architectes en tête, ainsi que les représentants de la société civile, tous faisant un constat des plus désagréable du cadre bâti en Algérie. Une architecture défaillante par la faute d'un système politique qui, pour répondre à la forte demande sociale en logements, autorise le travail à la chaîne, sans respect des normes techniques et autres. La quantité au détriment de la qualité pour apaiser la tension sociale. «Il est vrai qu'ils ont réalisé -et réalisent encore- des logements, mais la qualité laisse à désirer. Ils encouragent les réalisations en grandes quantités de nouveaux logements, en très peu de temps mais sans se soucier de la qualité. Nous le voyons bien dans ces cités dortoirs qui émergent partout dans nos villes. Habitations très peu commodes et sans espaces d'accompagnement nécessaires (jeu, sport…)», relève Touileb Athmane, le président du Conseil national de l'ordre des architectes, invité hier au Forum d'El Moudjahid pour débattre justement des objectifs de ces assises. Principale question qui sera abordée lors de cette rencontre de trois jours, celle liée directement au rôle de l'architecte dans la configuration du paysage urbanistique dans le pays. Un rôle bien défini dans les textes de loi mais pas du tout clair sur le terrain. «L'architecte est confronté à de nombreux problèmes», affirme l'invité d'El Moudjahid comme pour dégager la responsabilité directe des architectes dans la dégradation du cadre bâti en Algérie. «Pour faire un bon travail, l'architecte doit être sur place en permanence. Il doit suivre tous les détails du chantier. Du choix du sol à la qualité des matériaux de construction. Même le carrelage ne devrait pas être mis en place sans que nous ne soyons consultés pour donner notre avis dessus. Malheureusement, ce n'est pas le cas. L'architecte est souvent pressé par l'entrepreneur ou le maître d'ouvrage de terminer son travail pour qu'il ne soit pas payé cher. Aussi, même pour les matériaux de construction, l'on choisit ceux qui sont moins chers pour que le mètre carré ne revienne pas cher à son acquéreur. C'est cela la philosophie de l'Etat. Ce qui est complètement faux parce que les conséquences fâcheuses de cette situation ne tarderont pas à se manifester. Nous avons attiré l'attention des pouvoirs publics sur cela et nous espérons que nos conseils vont être pris en considération». L'autre point à aborder, la nécessité de revoir la législation, qui ne répond plus aux changements qui s'opèrent dans la société algérienne. La réhabilitation du vieux bâti sera aussi au centre du débat, de même que la préservation du patrimoine urbanistique national qui remonte à des centaines d'années. K. M.