Plus de 51 millions d'électeurs égyptiens inscrits, sur une population totale de 83 millions, sont appelés à voter pour la nouvelle constitution. Un texte controversé maintenu malgré toutes les tensions qu'il suscite. Le texte constitutionnel divise le pays en deux clans. Les pour et les contre. L'Egypte vote donc, aujourd'hui, pour la nouvelle constitution. Un scrutin référendaire maintenu malgré la pression de l'opposition qui ne lâche pas prise depuis des semaines. Vingt-quatre heures avant le scrutin, partisans et adversaires du projet de constitution manifestaient. Des manifestations similaires se sont succédé depuis fin novembre, dégénérant à plusieurs reprises en affrontements entre militants des deux camps, qui ont fait huit morts il y a une semaine devant la présidence. Le référendum se tient aujourd'hui dans dix gouvernorats, dont Le Caire et Alexandrie et la région instable du Sinaï. Dix-sept autres gouvernorats voteront le 22 décembre. Quelque 120 000 soldats ont été appelés en renfort par M. Morsi pour aider les quelque 130 000 policiers à assurer la protection des opérations de vote. La division du pays en deux zones de vote successives a été décidée in extremis, manifestement pour faire face à un boycott de nombreux magistrats chargés de superviser le scrutin. Le projet de constitution vise à doter le pays d'un cadre institutionnel stable, censé selon ses partisans refléter les changements intervenus dans le pays depuis la chute de l'autocrate Hosni Moubarak, début 2011. L'opposition dénonce en revanche un texte adopté en toute hâte par une commission dominée par les islamistes, qui engendre selon elle une islamisation accrue de la législation et contient des lacunes en matière de protection des libertés. Ce référendum est également vu comme une forme de vote de confiance pour ou contre M. Morsi, élu à une courte majorité de 51,7% des voix en juin. M. Morsi peut compter sur la capacité de mobilisation de la puissante confrérie islamiste, mais il fait face à une profonde crise économique qui provoque le mécontentement populaire. Quelle que soit l'issue, ce référendum «va exacerber les tensions politiques et les ressentiments» entre un président qui a fait le choix de maintenir un texte controversé et une opposition dopée par la vague de contestation, estime Hani Sabra, un expert du centre d'analyse économique américain Eurasia Group, dans une note. Mohamed El Baradeï, membre de la coalition de l'opposition a déclaré que le projet de constitution était «nul et non avenu» et que, s'il était adopté, ses adversaires «feraient tout pour le faire tomber avec des moyens démocratiques et pacifiques». Le patriarche de la communauté Copte (chrétiens d'Egypte, 6 à 10% de la population), Tawadros II, a pour sa part «appelé les Egyptiens à participer» au vote, sans exprimer ouvertement de préférence pour le «oui» ou le «non». L'église copte s'était retirée de la commission chargée de rédiger la Constitution pour protester contre certaines dispositions relatives à la loi islamique. R. I.