Synthèse de Ghada Hamrouche L'opposition égyptienne a accusé, hier, au premier jour du référendum sur la constitution ses adversaires islamistes de tentatives de fraude. Les Frères musulmans, dont est issu le président Mohamed Morsi, cherchaient, selon les opposants de ce texte controversé, à «truquer» le référendum en cours sur un projet de constitution contesté. De nombreuses «violations» auraient été recensées selon la même source. «L'étendue des infractions (...) indique une volonté claire de truquer la volonté des électeurs de la part des Frères musulmans, dans le but de faire passer la constitution de la confrérie», affirme dans un communiqué le Front du salut national (FSN), une coalition des principaux mouvements d'opposition. Ces violations ont été constatées «dans tous les gouvernorats (votant hier) et par le biais de moyens en grande partie similaires», ajoute-t-il. Le Front a appelé «les instances concernées à assumer leurs responsabilités pour garantir la transparence» du vote et exhorté «le peuple égyptien à se rendre aux bureaux de vote pour dire «non» et à empêcher toute tentative de truquer la volonté du peuple». L'opposition affirme avoir notamment, constaté que dans certains bureaux, des membres des Frères musulmans appelaient à voter «oui», que «du sucre, de l'huile et du thé ont été distribués» ou encore qu'au Caire, un juge avait empêché les électeurs chrétiens d'entrer, ce qu'il n'était pas encore possible de vérifier de source indépendante. Le vote a commencé, hier matin, dans un climat de tensions qui marque la poursuite du bras de fer entre les islamistes et les démocrates égyptiens. Une forte présence de l'armée et de la police a été remarquée au niveau des 6 376 bureaux de vote, quelques minutes avant le début de l'opération à laquelle participent près de 26 millions d'électeurs égyptiens appelés à se prononcer sur un projet de constitution qui divise profondément le pays. La Haute commission électorale avait interdit toute forme de propagande ou d'influence des électeurs dans un périmètre de 200 mètres en dehors du siège électoral. Des instructions ont été données aux forces de sécurité pour faire face à tout acte pouvant contrarier le déroulement de l'opération de vote et préserver la sécurité jusqu'aux résultats du référendum controversé sur la constitution, selon une source du ministère égyptien de l'Intérieur. La Haute commission électorale avait décidé que le référendum sur le territoire de l'Egypte serait organisé sur deux jours, soit le 15 décembre dans les dix gouvernorats du pays à forte densité de population et le 22 décembre dans les 17 autres gouvernorats. Cette mesure permettrait de partager le pays en deux régions, votant successivement à une semaine d'intervalle, pour faire face au manque de juges nécessaires pour superviser le déroulement du vote après le refus de nombreux magistrats de superviser le scrutin. Seuls dix gouvernorats sur vingt-sept, dont Le Caire et Alexandrie, votaient donc hier. Le reste des 51 millions d'électeurs égyptiens sont appelés aux urnes le 22 décembre prochain.