Photo : Riad Par Samira Imadalou En cette fin d'année, le débat sur l'innovation industrielle est revenu avec force sur la scène économique nationale. Deux conférences et un salon ont été organisés à cet effet la semaine dernière à Alger. Ce ne sont pas les annonces qui ont manqué lors de ces rencontres durant lesquelles de riches expériences ont été présentées soit par des chercheurs ou des jeunes start-up ayant bénéficié de l'appui pour réaliser leurs projets. Il y a en effet, d'un côté, les inventeurs qui attendent d'être soutenus pour concrétiser leurs idées et, d'un autre côté, les plus chanceux qui ont été appuyés techniquement et financièrement. Mais globalement, l'innovation et l'invention entament à peine leurs premiers pas dans un monde parsemé d'embûches et d'entraves puisqu'au sein même des entreprises, les responsables n'accordent pas d'importance à ce créneau, loin d'être au cœur de leurs préoccupations. Les opérateurs algériens continuent en effet à importer des processus de production et à les appliquer sans essayer d'apporter du nouveau. Le directeur des études au ministère de l'Industrie, M. Mourad Arif, a d'ailleurs mentionné ce point la semaine dernière en rappelant que les entreprises algériennes perçoivent l'investissement en recherche et développement comme une «prise de risque» et non pas comme point de départ pour la création de nouvelles richesses. M. Arif dira clairement que «les managers algériens ne perçoivent pas la recherche et développement comme un facteur de compétitivité». Selon eux, c'est plutôt «un gaspillage d'argent». Or, les expériences à travers le monde ont prouvé l'efficacité de l'innovation et donc l'importance dans le développement économique. C'est faut-il le noter l'un des cinq piliers de l'économie fondée sur la connaissance (EFC), un dossier sur lequel le Conseil national économique et social (Cnes) s'est penché il y a quelques années sans pour autant que les résultats ne viennent, dans un pays où l'on ne cesse de parler de transfert de savoir-faire alors qu'au sein même de nos universités le décalage avec le monde des affaires et flagrant. En effet, les passerelles entre le monde de l'entreprise et celui de l'université sont toujours inexistantes à l'exception de quelques petites expériences sporadiques. Idem pour les clusters qui sont encore en chantiers. Le programme vient d'être entamé comme l'a annoncé le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement (Mipmei). Le département de Chérif Rahmani a en effet entrepris la mise en place d'un réseau (cluster) regroupant l'ensemble des intervenants dans les filières agro-industrielles, mécaniques et agroalimentaires avec le programme de développement économique durable en Algérie, conçu par la fondation allemande GIZ. Une démarche qui a pour objectif l'amélioration de la compétitivité et l'attractivité des PME. . Citons dans ce cadre l'exemple du cluster lancé à l'est du pays pour la filière tomate et celui dédié à la filière phoenicicole pour laquelle le ministère est en train de finaliser, à Biskra, un projet pour la mise en place d'une industrie de fragmentation des dattes pour obtenir le glucose ou certains produits dérivés utilisés dans la filière pharmaceutique. Rappelons, par ailleurs, l'opération visant à réaliser des pôles industriels à Rouiba et à Constantine dans le secteur de l'industrie mécanique, ainsi qu'à Bordj Bou Arréridj pour la filière électrique-électronique. Ce cluster est attendu en 2013.Toutes ces actions sont insignifiantes devant les besoins de l'industrie nationale en innovation. Car, en l'absence d'un système national d'appui à l'innovation et l'invention, les résultats ne seront que maigres. Et ce d'autant que les chercheurs porteurs d'idées ou de projets font souvent face au manque de moyens pour concrétiser leurs projets. D'où la nécessité d'accorder une place prépondérante aux pépinières d'entreprises, qui sont au nombre de 33 installées dans différentes régions du pays. Créées depuis trois ans, ces structures ont besoin d'un suivi rigoureux et de moyens d'accompagnement des jeunes entrepreneurs, dont le nombre est estimé cette année à 3 000. Cela pour dire que le potentiel est important et que ce ne sont pas les idées qui manquent chez nos jeunes qui n'aspirent qu'à être accompagnés pour créer leurs entreprises. La stratégie industrielle que compte lancer Rahmani devrait donc prendre en considération cet aspect. En attendant les grandes lignes de cette stratégie, la création d'une agence nationale pour le développement de l'innovation et l'invention est au menu du gouvernement. Rahmani l'a annoncée à l'occasion de la rencontre Fikra, la première conférence algérienne dédiée à la promotion et à la valorisation des idées d'avenir organisée sous l'égide d'Orascom Télécoms Algérie. Une entreprise, qui faut-il le noter, soutient l'innovation qui s'est engagée dans l'appui aux strart-up, entre autres Ecostat, Numidia IT Business, Eblink, Alpro qui ont présenté leurs expériences. Des expériences intéressantes adaptées aux nouvelles technologies de l'information. Mais qui ont besoin d'être suivies par d'autres.