A la veille de la visite d'Etat de François Hollande en Algérie, le palais de l'Elysée assure finaliser les préparatifs de cette importante mission pour le devenir des relations entre les deux pays riverains de la Méditerranée. Depuis le 12 décembre dernier, la liste des ministres qui accompagneront l'hôte de l'Algérie s'est élargie à un neuvième membre, M. Le Drian, ministre de la Défense, dont le porte-parole tiendra, ce matin, un point de presse. L'échange des instruments de ratification des Accords de défense signées en 2008 semble justifier cette présence, même si des discussions sur l'achat d'hélicoptères par l'Algérie n'est pas à écarter. La présence d'un dixième membre du gouvernement dans la délégation officielle n'est pas à exclure. Mais pour Paris, il n'y a pas le moindre doute. Cette visite sera un succès. Cette certitude a été avancée dimanche soir par Laurent Fabius au cours d'une émission radiophonique (Rfi). «Tout est réuni pour que cette visite du président de la République soit un succès» a affirmé le chef de la diplomatie française en expliquant les raisons de son optimisme : Quand je dis tout, cela veut dire quoi ? D'une part, c'est la première visite d'Etat à l'étranger du président de la République. Deuxièmement, les choses ont été préparées soigneusement par moi-même et par d'autres. Troisièmement, il y a évidemment du côté algérien une volonté pour que les choses se passent très bien, et nous avons en commun, Français et Algériens, le souci de se tourner vers l'avenir. C'est un voyage où il va être beaucoup question de jeunes, des investissements, de la façon dont le partenariat franco-algérien peut être un partenariat exceptionnel» Et le passé ? Fabius s'est contenté de dire que «le passé existe» en rapportant que «le président Bouteflika à une phrase juste qui dit : qu'il ne faut pas déchirer la page, il faut la retourner». Cela contraste avec l'affirmation de M. Hollande qui a dit que tous les sujets seront abordés au cours de la visite algérienne. Donc y compris le passé. Ce passé commun au deux pays sera d'ailleurs présent lorsque le chef de l'Etat français rendra hommage au martyr Maurice Audin et, sans nul doute, dans son allocution devant le Parlement algérien. Si la question de la repentance ne sera pas à l'ordre du jour, Hollande ne manquera pas d'évoquer le colonialisme et ses crimes devant les députés et les sénateurs. Sinon pourquoi le porte-parole de l'Elysée a déclaré, il y a une semaine, que les mots qui seront prononcés à Alger seront importants. Une autre voix gouvernementale s'est exprimée dimanche dernier dans les colonnes du Journal Du Dimanche, celle de Kader Arif, ministre délégué chargé des anciens combattants, qui dit qu'il «ne faut pas revenir sur le passé», en ajoutant toutefois que «les questions mémorielles existent, il faudra les traiter». En vérité, il n'y a que François Hollande et le conseiller avec qui il prépare le discours (l'historien Benjamin Stora) devant le Parlement qui détiennent le secret des mots qui seront prononcés.