Les voix de Paris ne disent pas toutes la même chose sur la solution à privilégier pour la situation au Mali. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian vient de commettre la première attaque contre la résolution 2085 du Conseil de sécurité de l'ONU adoptée jeudi dernier. Dans une interview au quotidien La Croix, le ministre français a indiqué que «l'intervention militaire de la force africaine pour chasser les islamistes armés du nord du Mali pourra avoir lieu au premier semestre de l'année prochaine». Il faut d'emblée remarquer que cette déclaration est en décalage avec celle tenue par François Hollande au cours de sa récente visite en Algérie où il annonçait qu'il «n'y avait pas de divergences entre les deux pays sur la crise malienne». Mais plus que ca, le ministre français de la Défense va à contresens de la résolution onusienne. Pour lui, «la France apporte un soutien technique à la Cédéao (la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) dans la constitution d'une force capable d'aider le Mali à retrouver l'intégralité de son territoire». Plus explicite, il dira que «le concept opératoire est en train de s'affiner. L'intervention militaire pourra avoir lieu au premier semestre de l'année prochaine». Plus tranchant entre l'option militaire et l'approche politique, il soutient que «pour l'instant, il n'y a pas de solution politique à la situation au Mali : les Etats de la région ont conscience des risques que représentent, pour leur sécurité, les agissements des bandes terroristes armées qui s'en prennent aux populations et se livrent à toutes sortes de trafics». Or, la résolution onusienne accorde du temps aux Maliens pour réunir les conditions d'une solution possible quand bien même elle a donné une autorisation pour l'envoi d'une force militaire. Car, dans le fond, la résolution onusienne visait à mettre les dirigeants maliens devant leur responsabilité. Surtout que ladite résolution a été aussitôt suivie par la signature d'un accord entre le Mnla et Ansar Eddine. Il restait, dans les faits, à ce que les Maliens passent à la reconstitution de leur Etat. C'est l'un des points de la résolution, qui préconise comme assise à une solution politique «le renforcement de l'armée malienne et le déploiement d'une mission internationale de soutien au Mali (Misma)». Cette approche onusienne a incontestablement confortée l'approche que défend Alger depuis que le nord du Mali échappe aux autorités de Bamako. Du côté de la France, il semble qu'on n'arrive plus à se positionner. Après avoir affiché une intention d'abandonner le choix d'«y aller» à la guerre, on se rétracte à présent en annonçant une probable intervention avant même l'expiration de la feuille de route établie par l'ONU. Il faut relever que la résolution onusienne suggère aux autorités maliennes la tenue d'élections législatives avant fin 2013. Mais, manifestement, Paris veut la guerre bien avant cette échéance. A. Y.