Les organisations internationales de l'ONU et la société civile bougent et multiplient les contacts pour amortir le choc d'une crise alimentaire gravissime provoquée par la cupidité des riches rapaces qui ne ratent aucune occasion de s'enrichir encore plus. Oxfam a appelé à la mise en place «urgente» d'un «plan d'action coordonné» de lutte contre la flambée des prix alimentaires lors du sommet de l'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) à Rome, qui commence aujourd'hui. «Les dirigeants de la planète doivent de manière urgente convenir d'un plan d'action international coordonné afin de lutter contre la crise» provoquée par la hausse des prix des produits alimentaires, estime l'organisation qui a son siège à Londres. Au moins 290 millions de personnes, dans les 53 pays les plus touchés par l'inflation, ont besoin d'une aide d'urgence, selon Oxfam, qui évalue à 14,5 milliards de dollars les besoins d'assistance immédiats. «Cette somme est faible par rapport aux milliards que la Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne ont injectés dans le système financier ces six derniers mois afin de tenter d'éviter une crise économique», estime Oxfam dans un communiqué. L'organisation qualifie de «misérables» les sommes données à l'agriculture dans les pays en développement, qui plafonnent actuellement à «4 milliards de dollars, en comparaison avec les 125 milliards de dollars que les pays riches ont donnés à leurs agriculteurs en 2006». Barbara Stocking, responsable d'Oxfam au Royaume-Uni, a ajouté que l'organisation avait pu se rendre compte, dans les pays où elle est présente, «des répercussions négatives de l'inflation des produits alimentaires sur les pauvres, qui consacrent déjà plus de la moitié de leurs revenus à ce poste». «Le défi est énorme pour les dirigeants et pour la légitimité des institutions multilatérales de la planète, mais cela représente également l'occasion de mettre en œuvre des réformes attendues depuis longtemps», estime Mme Stocking. Le cri d'alarme lancé par Oxfam n'est rien en comparaison des cris de douleur que provoque la faim chez les enfants des 53 pays touchés par les conséquences néfastes de la flambée des prix des céréales. Ban Ki-moon compte proposer un plan d'action qui portera sur des mesures pour contrer la hausse des prix des produits alimentaires. Quant au président de la FAO, Jacques Diouf, il a estimé que l'aide des pays riches aux pays en voie de développement doit atteindre 30 milliards de dollars pour lutter contre la hausse des produits alimentaires. «L'aide doit atteindre 30 milliards de dollars [19,3 milliards d'euros] par an pour aider les pays en voie de développement», a déclaré Jacques Diouf au Financial Times de Londres. «La seule façon de sortir de la crise est d'augmenter la production, notamment dans les pays pauvres. Cette crise implique chaque pays dans le monde», a-t-il poursuivi. L'ONU et les altermondialistes peuvent-ils freiner l'appétit vorace des lobbies qui ont la mainmise sur les richesses de la planète ? A. G.