Tenu en juin 2008 en pleine crise alimentaire, le sommet de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture avait arrêté certaines mesures visant à atténuer l'impact de cette grave crise sur les populations notamment les plus démunies à travers le monde. Ce n'est que sept mois plus tard, c'est-à-dire en cette fin janvier, que la FAO se penche sur l'évaluation de la mise en application de ces mesures pourtant d'urgence. Mais tout au long de cette période, beaucoup d'évènements ont secoué la planète Terre. Le fait le plus marquant est la crise financière internationale qui a fini par se transformer en un court laps de temps en crise économique. Une crise qui a complètement changé la donne puisqu'on assiste aujourd'hui à un chevauchement de crises : alimentaire, financière, énergétique, immobilière, industrielle…. Ce qui ne fait qu'aggraver la situation. Comme à l'accoutumée, ce sont toujours les pauvres qui payent pour les riches qui exploitent pourtant les ressources naturelles des premiers. La crise économique, qui s'est bel et bien installée, n'a pas uniquement volé la vedette à la crise alimentaire mais elle a fini par l'aggraver. Et dire qu'elle est «plus que jamais d'actualité», de l'avis même des experts. Certes, il y a eu une baisse des prix des matières premières alimentaires au cours de ces derniers mois, mais les besoins sont en augmentation et les prix restent élevés par rapport à la période antérieure à la crise. D'ailleurs, selon les conclusions d'une organisation humanitaire (Oxfam) rendues publiques en marge de la réunion de Madrid, l'instabilité des marchés pétroliers et l'accroissement des risques liés aux changements climatiques ne font qu'accentuer la volatilité des prix alimentaires. Ce qui aggrave davantage la situation, c'est la préoccupation des gouvernements des pays touchés par la crise par la relance économique et la lutte contre le chômage, mettant de côté leurs engagements d'aides internationales. Des engagements, appliqués au compte-gouttes, en temps normal, et remis aux calendes grecques dans la situation actuelle. Priorité au développement sur le plan interne, et aux oubliettes donc l'aide et les crédits pour le développement de l'agriculture dans les pays pauvres. Place aujourd'hui à la multiplication des appels de l'ONU. Des appels sans lendemains malheureusement. Et dire que la situation est alarmante. En Algérie, même si l'on est l'abri de cette crise alimentaire, les besoins restent énormes et sont satisfaits à 80% par les importations avec l'argent du pétrole. Rien que pour les céréales, les achats de l'Algérie ont doublé en 2008 par rapport à 2007. Quand le système de production fait défaut et les terres agricoles détournées, les conséquences sont dramatiques. La politique du renouveau rural changera-t-elle la situation ? Il est toujours bon d'espérer. S. I.