Synthèse de Rabah Iguer Le prix Nobel de la paix, M. Mohan Munasinghe, a salué hier à Alger les efforts «remarquables» déployés par l'Algérie dans la préservation de l'environnement et le développement durable. «Cette première visite en Algérie m'a permis de constater les efforts remarquables déployés pour le respect et la protection de l'environnement et le développement durable», a indiqué M. Munasinghe dans un entretien accordé à l'APS. «Il existe trois aspects importants pour le développement durable d'un pays, à savoir la croissance économique, le développement social et le respect de l'environnement. Les trois éléments sont réunis en Algérie», a constaté cet expert en changements climatiques et développement durable venu prendre part à la 4ème édition de la Semaine de l'énergie en Algérie (SEA4) qui s'est ouverte hier après-midi à Alger. Interrogé sur les changements climatiques provoqués par l'émission de gaz à effet de serre, M. Munasinghe a estimé qu'une réaction efficace contre ce phénomène, menaçant l'humanité, nécessite de «notre part d'admettre qu'il est provoqué réellement par le gaz carbonique que nos usines et centrales électriques dégagent». Evoquant certaines conséquences des changements climatiques telles que le réchauffement de la planète ou la hausse du niveau des océans, cet expert international a déploré qu'«injustement, ce sont les pays pauvres qui souffriront le plus des problèmes liés à ce phénomène, alors qu'il est provoqué par les pays riches». Il est nécessaire, selon cet invité de marque de la SEA-4, que les pays industrialisés fassent des efforts pour réduire leurs émissions en gaz carbonique, très nocif pour l'atmosphère, et aider les pays en voie de développement à s'adapter et à faire face aux problèmes liés aux changements climatiques. M. Munasinghe, auteur de plus de 90 ouvrages et plus de 300 publications traitant notamment du développement durable et de l'économie de l'environnement, a déploré aussi le fait que de nombreux pays développés comme les Etats-Unis font fi du protocole de Kyoto visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, en continuant à émettre du gaz carbonique en quantités importantes. M. Munasinghe, également vice-président du Groupe intergouvernemental d'experts de l'ONU sur le changement climatique (GIEC) qui partage l'édition 2007 du prix Nobel de la paix avec l'ancien vice-président américain Al Gore, a estimé que les pays pauvres peuvent à la fois se développer et protéger le climat au moyen de nouvelles technologies moins polluantes. Mais avec le concours des pays développés qui doivent les aider dans ce but. Invité à donner son avis sur la SEA-4, cet ancien conseiller en énergie du président sri lankais a indiqué que c'est un évènement international «important» qui intervient dans une conjoncture mondiale marquée par de nombreux défis. «Il est inouï qu'un pays en voie de développement comme l'Algérie puisse organiser un événement international d'une telle ampleur et d'une telle importance, notamment dans une conjoncture mondiale marquée par de nombreux problèmes liés aux domaines de l'énergie, des finances et des changements climatiques», a ajouté le Pr Munasinghe qui préside aussi le «Munasinghe Institute of Dévelopment (MIND)». «Cette manifestation constituera un espace de rencontre entre des experts internationaux de renom dans le monde de l'énergie», a-t-il ajouté. Plus de 1 700 participants et 240 entreprises provenant de 35 pays prendront part à cet évènement. Placée sous le slogan «le nouveau monde de l'énergie : des défis mais aussi des opportunités», cette manifestation, qui s'étalera jusqu'au 19 du mois en cours, verra la participation de personnalités internationales telles que la commissaire européenne chargée de la concurrence, Mme Neelie Kroes. M. Munasinghe, détenteur de plusieurs prix internationaux et médailles honorifiques, est également membre du conseil de rédaction de douze revues spécialisées et de plusieurs académies de sciences à travers le monde.