A voir l'état de dégradation avancée des conditions de prise en charge des malades par nos structures de santé, qu'elles soient publiques ou privées, doit-on s'étonner qu'une maladie comme la méningite réapparaisse et fasse des victimes, créant une légitime panique chez les Algériens ? Si l'on considère qu'elle a été provoquée par le non-respect des règles d'hygiène et d'aération, comme cela est supposé par un certain nombre de praticiens, cette maladie, qui a déjà fait des victimes à Blida et M'sila, aurait tout aussi bien pu frapper à Alger, Oran ou Tindouf (sans parler des petites localités oubliées des temps et des responsables), l'écrasante majorité des établissements hospitaliers ne répondant pas aux normes d'hygiène internationales. Il y a quelques mois, Mohamed Bekkat Berkani, président de l'Ordre national des médecins, avait affirmé que les hôpitaux algériens étaient vétustes, les équipements inadaptés et appelé les pouvoirs publics à lancer un profond débat pour «examiner la loi sanitaire», qui doit s'adapter aux nouvelles réalités socioéconomiques du pays, et les nouveaux besoins de la population. «L'Algérie consacre seulement 5% de son PIB à la Santé, contre 7% en Tunisie, un pays qui dispose de moins de ressources financières, et 10% dans les pays occidentaux», avait-il noté en substance. Les praticiens et praticiens spécialistes, de leur côté, ont toujours soutenu la nécessité de refonder un système de santé, obsolète et dépassé, qui ne permet plus de répondre aux besoins des Algériens et leur vaut d'être constamment stigmatisés (parfois agressés) par les malades. «Nous réitérons notre appel à une refonte totale du système de santé en Algérie», a, récemment encore, insisté Lyès Merabet, président du Snpsp. Quant aux citoyens, il est inutile de rappeler toute l'estime et la confiance qu'ils portent aux établissements hospitaliers, aux médecins et au personnel paramédical…, bref, l'ensemble du secteur de la santé qui les pousse dans les bras de cliniques privées extrêmement onéreuses et rarement plus sûres. La réapparition angoissante de la méningite donne tout leur poids aux appels des praticiens sur l'urgence de «réactualiser» une politique de la santé qui a montré ses limites, dans un contexte marqué par l'embellie financière que l'on connait et la volonté affichée du gouvernement de prendre en charge les problèmes qui pèsent sur les citoyens. Et celui de la santé publique n'est probablement pas le moins grave. S. O. A.