40.000 praticiens de la santé publique exercent à l'échelle nationale. La répartition de la population médicale en Algérie pose un problème majeur. Les chiffres sont édifiants. Pas moins de 97% d'un effectif national qui compte 40.000 praticiens évolue dans les wilayas du Nord, selon des sources dignes de foi. Le Centre se taille la part du lion avec 55% du personnel, suivi de l'Est avec 22% et de l'Ouest avec 20%. Les wilayas du Sud et les zones reculées sont des laissées-pour-compte. Seulement 2% des effectifs travaillent dans le Sud-Est. Le Sud-Ouest arrive au bas de l'échelle avec le taux dérisoire de 1%. Le constat est sans équivoque: la présence médicale et paramédicale est réduite à une peau de chagrin dans le Sud. Et cette peau ne cesse de rétrécir. Qu'en pensent les concernés, en premier lieu les médecins? Cette répartition se fait en fonction de la taille de la population en général. Celle-ci traduit un déséquilibre quantitatif des effectifs. Lequel déséquilibre est le symptôme du malaise profond du secteur de la santé publique. «Le système national de la santé publique est en deçà des aspirations des praticiens et des besoins des malades», a estimé le Dr Lyès Mérabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp), joint hier par téléphone. Ce dernier a estimé que cette désaffection est liée aux conditions socioprofessionnelles. «Les conditions de travail dans le Sud sont beaucoup plus difficiles par rapport au Nord. Donc, le ministre de la Santé doit assurer aux praticiens le cadre de vie et de travail qui sied à cette spécificité», a préconisé le Dr Merabet. En attendant, le secteur sanitaire dans le Sud agonise. La wilaya de Tamanrasset qui enregistre 150 000 habitants dispose de 40 postes budgétaires de médecins généralistes. Ces postes sont censés couvrir une superficie équivalente au quart de celle du pays. La daïra de Sidi M'hamed à Alger, dispose d'un nombre dix fois plus élevé pour une population équivalente à celle de la wilaya de Tamanrasset. L'aspect géographique n'explique pas, à lui seul, cette iniquité. «L'hôpital Nedir-Mohamed de Tizi Ouzou qui couvre quatre wilayas du Centre, compte seulement trois radiologues. Alors qu'un seul hôpital à Alger en compte plus d'une vingtaine», a révélé un médecin spécialiste de l'hôpital Nedir-Mohamed, joint par nos soins. Pour ce dernier, une répartition plus cohérente des praticiens à l'échelle nationale nécessite des moyens d'accompagnement motivants. «Il est aberrant d'envoyer un médecin au Sud sans lui offrir les moyens d'exercer pleinement sa profession», a-t-il soutenu. Une autre préoccupation: l'obligation du Service civil. Le secteur de la santé est le seul concerné par cette mesure. «Maintenir la coercition de l'obligation du Service civil relève de l'incohérence», a tranché le Dr Mérabet. Le diagnostic des médecins est clair. Le système sanitaire national est obsolète. Et les wilayas du Sud subissent de plein fouet les conséquences de cette situation. Récemment, Djamel Ould Abbès, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, a assuré que ce problème est en voie d'être réglé. Il a déclaré que des spécialistes qui ont déjà eu leur affectation seront envoyés dans les wilayas du Sud. Par ailleurs, le ministre a annoncé la réalisation de 73 centres hospitaliers à travers le territoire national. Ces centres comprennent 5 CHU, 8 centres de protection maternelle et infantile (PMI), 60 hôpitaux d'une capacité d'accueil de 240 lits et 24 écoles paramédicales. Pourvu que les wilayas du Sud ne soient pas, encore une fois, marginalisées.