Les transporteurs de plusieurs lignes importantes de la région de Tizi Ouzou n'ont pas attendu l'annonce des nouvelles tarifications de transport collectif urbain (taxis et bus), par le ministère des Transports, pour passer à l'acte et prendre des décisions d'augmentation étonnantes et blessantes pour les usagers, sans susciter une vive réaction et des sanctions, de la part de leur tutelle locale qui ne semble pas gérer cet aspect du secteur en rapport direct avec l'organisation du parc de transport et le pouvoir d'achat de la population. Cette dernière ne compte d'ailleurs presque plus sur personne, notamment les «associations alibi» de défense des consommateurs, pour dénoncer spontanément ces dépassements par des actions parfois virulentes, au moment où des professionnels trouvent ces augmentations tardives, en raison de la situation socioprofessionnelle des transporteurs et des charges énormes qui pèsent sur eux. De plus, cette autre (énième ?) majoration des prix est intervenue sans qu'un travail d'information ou de sensibilisation ne soit entrepris par les services concernés auprès des usagers issus, en grande majorité, de la couche déshéritée, sachant, d'autre part, la sensibilité d'un tel sujet à la veille d'une nouvelle année. Sans omettre de signaler que la qualité des services offerts ne répond pas, déjà, aux normes requises et que la notion de service public est complètement ignorée dans les gares routières et les stations locales. A cet effet, un responsable de la Fédération nationale des transporteurs (Ugcaa) a affirmé, cette semaine, que les augmentations opérées par les opérateurs de transport desservant, par exemple, la ligne Tizi Ouzou - Alger, en aout dernier, étaient décidées dans un cadre qui ne respecte pas la loi, sans attendre l'entrée en vigueur des nouvelles tarifications. «(…) nous avons toujours dénoncé la hausse des prix pratiquée par les opérateurs de transport en commun desservant la ligne Alger - Tizi Ouzou. Il faut savoir que les représentants de l'Ugcaa ont organisé plusieurs rencontres avec les représentants des opérateurs des transports en commun de cette wilaya, et nous leur avions promis de transmettre leurs préoccupations au ministère des Transports. Malheureusement, ces opérateurs ne nous ont pas fait confiance. Ils ont décidé d'augmenter le prix du ticket de manière anarchique. Ces opérateurs ont imposé leur propre loi. C'est une attitude regrettable. Il aurait été préférable d'attendre le réajustement des prix annoncé officiellement par le ministère de tutelle», soutient-il, appelant, par conséquent, les pouvoirs publics à alourdir les sanctions à l'encontre de ces opérateurs qui dictent leur propre loi (…) car il «trouve inadmissible qu'un transporteur fixe son propre tarif». Quelques jours après les augmentations de près de 50% sur la ligne Tizi Ouzou - Alger, la wilaya de Tizi Ouzou avait réagi dans un communiqué qualifiant la hausse unilatérale des prix de «totale infraction aux dispositions légales régissant ce domaine», selon la cellule de communication de la wilaya, se basant sur la loi N° 02-11 du 24/12/2002, qui stipule que «la régulation et la fixation des tarifs des transports est du ressort exclusif du ministère des Transports». Le même service avait même qualifié «d'illégale» l'augmentation mise en pratique, avec effet immédiat, par les transporteurs qui venaient de perdre leur bras de fer de 48 jours contre la direction locale des transports, à propos de la délocalisation de la gare routière vers la nouvelle infrastructure de Bouhinoun. Cependant, la situation n'a pas bougé depuis et cette «démarche unilatérale et spécifique à la wilaya de Tizi Ouzou risque de créer un désordre», selon les propos mêmes de l'ex-directeur des transports de wilaya, M. Rezig Kamel, n'a jamais été remise en cause par des rappels à l'ordre ou bien des sanctions comme le stipule la loi sur la concurrence, à titre d'exemple. Dans le sillage de ces augmentations désapprouvées par les usagers incapables de riposte durable, des transporteurs de lignes suburbaines avaient, aussi, procédé à des augmentations dénoncées par les voyageurs. L'on se rappelle que la décision d'augmentation des tarifs de 5 dinars en décembre dernier des transporteurs de la ligne M'Kira-Tchir, au sud de Tizi Ouzou, avait suscité des actions de rue. Le chemin de wilaya 7 a été fermé à plusieurs reprises par les habitants qui exigent le retour à l'ancienne tarification. Le même recours a été observé par des transporteurs de Drâa-el-Mizan, d'Azazga, etc. malgré la grogne des usagers. Pour rappel, le ministre des Transports a décidé ce mois-ci de fixer les augmentations par kilométrage. Un communiqué du département fixe les tarifs de ramassage à 20 dinars pour un rayon de 10 km, 30 dinars sur 20 km et 35 dinars pour les 35 km. Pour les taxis individuels, le tarif passe de 10,50 dinars à 15 dinars/km, celui de la prise en charge en course passe de 15 à 20 dinars, celui du stationnement à 20 dinars pour une attente de 15 mn et le transport de bagages supérieurs à 15 kg sera facturé à 10 dinars. Les taxis collectifs, intercommunes et interwilayas, vont appliquer un tarif de 3 dinars/km au lieu de 2 dinars/km. Pour les taxis collectifs urbains, le tarif passent à 5 DA le kilomètre. Forcément, y a-t-il peut-être une force qui cherche à sédentariser la population, à couper les régions l'une de l'autre, à réduire le mouvement des salariés et autres catégories de la société à la recherche désespérée d'un petit coin de bonheur à travers le pays ?
