Un opposant a été désigné, dimanche, comme futur Premier ministre en Centrafrique afin d'accélérer la formation d'un gouvernement d'union nationale, conformément à l'accord de paix de Libreville qui a mis fin à un mois de conflit entre le pouvoir et les rebelles dans ce pays. L'opposant et avocat, Nicolas Tiangaye, est présenté par l'opposition comme le futur chef du gouvernement d'union. «Nous avons choisi M. Tiangaye à l'unanimité. Nous sommes tous unis derrière lui», a affirmé un des principaux opposants, Martin Ziguélé. En attendant sa nomination officielle, M. Tiangaye aura la difficile tâche de former un gouvernement où devront figurer à la fois des membres de l'opposition et du pouvoir mais aussi de la rébellion du Séléka, ainsi que d'ex-rebelles ayant signé des accords de paix auparavant et de la société civile, et, ce, en vertu de l'accord de sortie de crise signé, vendredi, dans la capitale gabonaise. Cette future nomination, qui doit être suivie de la formation d'un cabinet d'union nationale, est la première étape politique prévue par l'accord de Libreville, conclu, après trois jours de difficiles négociations, et un mois d'affrontements armés. Outre la nomination d'un nouveau Premier ministre issu de l'opposition démocratique, le texte prévoit que le président François Bozizé, dont le Séléka réclamait le départ, restera en place jusqu'à la fin de son mandat en 2016 mais qu'il ne «pourra pas révoquer» le nouveau Premier ministre pendant la période de transition de 12 mois. Peu après le début de l'offensive du Séléka le 10 décembre, François Bozizé s'était déjà engagé à ne pas se présenter de nouveau à l'élection présidentielle de 2016 et avait accepté l'idée d'un gouvernement d'union nationale. L'accord de Libreville prévoit aussi un cessez-le-feu immédiat et une période de transition d'un an avant la tenue de législatives. Le gouvernement d'union nationale sera notamment chargé «de poursuivre le processus Démobilisation, désarmement, réinsertion (DDR)», une revendication chère à la rébellion qui reprochait au pouvoir le non-respect de divers accords de paix précédemment signés, notamment l'accord de paix global de Libreville de 2008 qui prévoyait le DDR pour les anciens rebelles. Après avoir mené une vaste offensive dans le pays et occupé de nombreuses villes, le Séléka, qui demandait en début de négociations la traduction de M. Bozizé devant la Cour pénale internationale (CPI) «pour crimes de guerre», a obtenu la libération «des personnes arrêtées en relation avec la crise». La rébellion s'est, en outre, engagée «à se retirer des villes occupées et à abandonner la lutte armée». A l'étranger, l'accord de sortie de crise a été vivement salué. Le Conseil de sécurité de l'ONU s'en est félicité et a pressé les parties concernées de l'appliquer. Dans une déclaration adoptée par ses 15 membres, le Conseil «demande aussi instamment à toutes les parties (centrafricaines) d'autoriser dès que possible un accès sécurisé et sans entrave aux populations qui ont besoin d'une aide humanitaire». Il exige la «libération immédiate de tous les civils détenus par des groupes armés». Pour sa part, l'Union européenne (UE) s'est félicitée, elle aussi, de la signature de l'accord de cessez-le-feu entre les belligérants centrafricains, sous l'égide de la Communauté économique des Etats de l'Afrique Centrale (Ceeac), pour mettre fin à l'instabilité que connaît ce pays. Pour l'UE, l'accord de Libreville est «un premier pas vers une sortie de crise. La normalisation et la stabilisation du pays à plus long terme nécessitent, pour être durables, que les causes sous-jacentes à l'émergence de conflits récurrents en Centrafrique soient traitées de manière consensuelle par l'ensemble des parties prenantes et que des réponses adéquates y soient apportées», a ajouté le porte-parole. APS