C'est une première, le géant Coca-Cola lance aux Etats-Unis une campagne de pub abordant l'obésité, en faisant appel à la responsabilité des consommateurs et en rappelant que «toutes les calories comptent pour gérer son poids, y compris celles des produits Coca-Cola et de toutes les nourritures et boissons». Plein de gens qui ont l'air très heureux et en très bonne santé sirotent des boissons du groupe et font du sport tranquillement… Coca-Cola met en avant son «engagement à offrir plus de choix de boissons, notamment des options à faibles calories ou sans calorie, et à communiquer clairement sur le nombre de calories contenues dans ses produits». La vidéo précise que sur les 650 boissons du groupe, 180 sont à faibles calories ou sans calorie. Le groupe se félicite aussi de la création de petites portions, de la réduction générale des calories dans les sodas aux Etats-Unis ou encore du soutien à une série d'initiatives visant à encourager l'exercice physique. Coca veut encourager les gens à bouger leurs corps pour brûler les calories contenues dans les sodas. Un autre spot bientôt diffusé, affirme «clairement qu'une canette de Coca-Cola fait 140 calories» et «encourage les gens à s'amuser en brûlant ces calories, à promener un chien, danser, partager un fou rire avec des amis, faire une danse de la victoire après un strike au bowling…». Ce spot ne fait pas l'unanimité. Le New York Times rapporte les propos de Michele R. Simon, avocate spécialisée dans les affaires de santé publique. Pour elle, cette campagne ne fait qu'apporter de la confusion dans l'esprit des gens: «Ils minimisent les conséquences graves sur la santé des excès de soda. Ils essayent de faire passer l'idée que le seul problème serait de trouver un équilibre entre la consommation de soda et l'exercice physique. Or, il y a beaucoup d'autres raisons de limiter la consommation de ces produits». Harold Goldstein, directeur du California Center for Public Health Advocacy, qui a notamment lutté pour sortir les sodas sucrés des écoles, pense que Coca-Cola a la trouille… Pour lui, toujours selon le New York Times, si Coca-Cola avait vraiment voulu faire quelque chose pour diminuer la consommation de sodas sucrés, la firme aurait pu vendre ceux-ci à des prix plus élevés que les boissons à faibles teneurs en calories : «Au lieu de dépenser des millions dans une campagne de relations publiques qui n'agit en aucun cas contre l'obésité, le diabète et les caries, ils pourraient ainsi changer la consommation de boissons des Américains de façon considérable et bénéfique». Enfin, John Sicher, du journal Beverage Digest note que Coca-Cola a trop longtemps éludé la question de l'obésité, en laissant les critiques monter en puissance. Et que le groupe la joue donc très stratégique. Laisser les adversaires de l'industrie du soda définir cette critique n'était pas vraiment dans l'intérêt de la firme… Lors du débat sur l'interdiction partielle (dans les cinémas, les snaks et les restaurants) des sodas XXL à New York, le géant américain avait déjà organisé une riposte pour ne pas trop ternir son image. Katie Bayne, P-dg de Coca-Cola Amérique du Nord, bien loin de toute trace de surpoids, s'était ainsi vantée de boire des boissons du groupe à longueur de journée et affirmait qu'il n'existait «aucune preuve scientifique qui relie les boissons sucrées à l'obésité». Cela n'a pas fait changer d'avis le maire de New York… Le Monde.fr nous recommandait alors de jeter un œil au site Sugar Stacks (piles de sucre) montrant les quantités parfois hallucinantes de sucre présentes dans différents sodas. Or, la corrélation entre excès de sucre et surpoids n'est plus à prouver.