Les déclarations «officielles» des diplomates et responsables politiques des pays concernés par la prise d'otages et l'opération militaire qui s'en est suivie à In Amenas ont, toutes, convergé vers la condamnation de l'acte terroriste et le soutien de la réaction algérienne, même si certaines ont été accompagnées de critiques sur la manière dont l'Algérie a décidé de gérer la situation et de mener l'opération militaire. Le soutien le plus franc est venu sous la forme d'une mise en garde lancée, hier à Londres, par le Secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, aux terroristes qui ont attaqué le site gazier d'In Amenas, auxquels il signifiera qu'il n'y aurait «pas de sanctuaire pour les terroristes». «Les terroristes doivent savoir qu'ils ne trouveront aucun sanctuaire, aucun refuge. Ni en Algérie, ni en Afrique du Nord, nulle part», a déclaré M. Panetta, qui est actuellement en tournée en Europe, dans un discours prononcé devant le King's College. M. Panetta a souligné que les Etats-Unis allaient «poursuivre (leurs) consultations étroites avec le gouvernement algérien». De son côté, Paris, par la voix de son ministère français des Affaires étrangères, a maintenu sa position initiale en s'interdisant toute critique de l'attitude de l'Algérie et invoquera une situation «particulièrement complexe compte tenu de l'ampleur de la prise d'otages». «Les autorités algériennes ont estimé qu'elles n'avaient pas d'autre choix que de donner l'assaut [...]. Paris a été régulièrement informé par Alger», a déclaré le porte-parole du ministère, Philippe Lalliot. Cette prise d'otages confirme que «la présence de groupes terroristes» au Sahel est un «enjeu pour la communauté internationale tout entière», ajoutera-t-il. L'Italie condamnera aussi l'attaque terroriste et la prise d'otages de la manière la plus ferme, les qualifiant d'«ignoble acte de terrorisme». Rome rejoindra également Paris dans son appel à une «union sacrée» contre le terrorisme transfrontalier. «L'Italie appelle à une collaboration internationale efficace contre le terrorisme», dira le ministre italien des Affaires étrangères, Giulio Terzi. Même son de cloche du côté de Downing street. «Nous condamnons fermement l'acte délibéré de terrorisme perpétré contre les travailleurs en Algérie dont la responsabilité incombe entièrement aux terroristes», a déclaré, hier à la BBC, le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague. Le Chef de la diplomatie britannique a affirmé que la situation en Algérie était maintenant «fluide et en constante évolution». Son Premier ministre, David Cameron, après avoir formulé une nouvelle fois ses regrets de n'avoir pas été prévenu du lancement, jeudi dernier, de l'opération militaire, précisera que l'armée algérienne «traque toujours des terroristes» et cherche «probablement des otages dans d'autres endroits du site», a-t-il indiqué, hier matin, devant les députés britanniques, après s'être entretenu pour la quatrième fois avec son homologue algérien Abdelmalek Sellal. La Norvège formulera les mêmes regrets que la Grande-Bretagne et déclare, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Espen Barth Eide, qu'elle aurait souhaité être informée par avance de l'opération militaire algérienne contre les terroristes. «Nous avons indiqué que l'on aurait voulu être informé par avance» du lancement d'une opération, a déclaré le chef de la diplomatie norvégien qui a cependant estimé qu'il était «trop tôt pour porter un jugement sur l'opération». «C'est facile d'être un expert à longue distance mais c'est beaucoup plus difficile de gérer ce genre de situation d'urgence», a-t-il ajouté, en précisant que la Norvège ferait ultérieurement sa propre évaluation des événements. En fait, le Japon est le seul pays à avoir été très critique. Après avoir «exigé» l'arrêt immédiat de l'opération militaire menée par les forces spéciales de l'Armée nationale et populaire (ANP) contre le groupe de terroristes, le gouvernement nippon a convoqué, hier, l'ambassadeur d'Algérie à Tokyo, Sid Ali Ketrandjé, pour protester contre l'intervention de l'ANP. «Le Japon est profondément inquiet que le gouvernement d'Algérie ait mené une opération militaire pour tenter de libérer les otages», a déclaré un vice-ministre des Affaires étrangères, Shunichi Suzuki, à l'ambassadeur algérien. «Comme le souhaite fortement le Premier ministre Shinzo Abe, nous demandons à nouveau que l'Algérie fournisse rapidement des informations à jour, fasse de la protection de la vie humaine la priorité, et agisse en étroite concertation» avec les pays concernés, a insisté M. Suzuki lors de l'entrevue. Après l'assaut donné jeudi par l'armée algérienne, le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, s'était indigné et il avait téléphoné à son homologue algérien, Abdelmalek Sellal, pour exiger l'arrêt immédiat de l'action armée, même si plus tard il mettra de l'eau dans son saké en reconnaissant, à juste titre, que «l'Algérie a sa propre longue histoire dans la lutte contre le terrorisme et la décision d'employer la force a été prise dans ce contexte». H. G.
Medelci reçoit les ambassadeurs des pays concernés par l'opération d'In Amenas Le ministre des Affaires etrangères, Mourad Medelci, a reçu, hier à Alger, les ambassadeurs des Etats-Unis, de France, de Grande-Bretagne, du Japon, d'Autriche, de Norvège, du Canada et de l'Union européenne. Cette rencontre a permis au ministre d'«actualiser des informations communiquées précédemment aux chefs de missions diplomatiques concernés ainsi qu'à leurs responsables, lors des entretiens téléphoniques échangés par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et M. Medelci avec leurs homologues en ce qui concerne la situation de leurs ressortissants respectifs exerçant sur le site», a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani. La rencontre est initiée avec certains chefs de missions diplomatiques dès le début de l'opération terroriste qui a visé le centre gazier de Tiguentourine (In Amenas) dans le cadre du suivi du travail d'information. A l'issue de cette rencontre, il a été convenu de «maintenir le contact pour partager et affiner toutes les informations utiles», a ajouté M. Belani. Les ambassadeurs ont exprimé, de leur côté, «la solidarité et le soutien de leurs pays aux efforts menés par le gouvernement algérien», conclut M. Belani.