Synthèse de Rabah Iguer Le respect de l'accord de Bali (Indonésie 2005) sur les changements climatiques a été le principal point examiné, hier à Alger, lors de la réunion préparatoire des points focaux et des négociateurs africains sur les changements climatiques. Ces experts sont réunis à Alger du 16 au 18 novembre en prévision de la «Conférence africaine des ministres de l'Environnement sur les changements climatiques après 2012», qui se tiendra également à Alger les 19 et 20 du même mois. Les points focaux et les négociateurs africains élaboreront au terme de leurs travaux la Déclaration d'Alger qui sera soumise aux ministres africains, avec comme objectif l'adoption d'une position commune lors de la 15ème Conférence mondiale sur les changements climatiques, prévue à Copenhague (Danemark) en décembre 2009. Le ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, M. Cherif Rahmani, qui a présidé la réunion, a appelé dans son allocution les experts réunis à Alger à «adopter une position africaine commune à travers une plate-forme afin de donner au continent une place de choix dans les enjeux futurs» en matière de changements climatiques. «L'émergence d'une plate-forme et d'une position commune de l'Afrique permettra au continent de négocier en position de force lors de la Conférence de Copenhague», a-t-il dit, exhortant les points focaux et les négociateurs africains à se montrer «à la hauteur des attentes en offrant un leadership au continent». Il a souligné que l'Afrique était «quasiment absente» à Kyoto (Japon) avant d'«améliorer» sa position à Bali. «Il est attendu qu'elle s'affirme davantage à Copenhague avec la constitution d'un groupe de négociateurs qui sera partie prenante de l'accord global sur les changements climatiques», a-t-il ajouté. Pour M. Rahmani, la plate-forme qui sera adoptée à Alger devrait faire des changements climatiques une «priorité pour le continent» car, a-t-il relevé, actuellement ce sont les pays d'Asie qui polarisent l'attention, «les intérêts de l'Afrique étant plutôt négligés». Le ministre a également demandé aux experts africains de ne pas s'attarder sur les bilans et de se concentrer sur la mise en œuvre des actions à entreprendre et à concrétiser. Il a ajouté que l'Afrique est appelée à constituer une «task-force», basée sur un système adossé à des compétences à même de «renforcer les capacités de négociation ainsi que de transfert des technologies et des ressources financières». Il a relevé que 45 000 milliards de dollars devraient être consacrés de par le monde dans le cadre de la réduction des gaz à effet de serre. Or, entre 2006 et 2007, 148 milliards seulement ont été dégagés, ce qui représente quand même une augmentation de 60% par rapport aux années précédentes, a dit le ministre. M. Rahmani a aussi souligné que les pays en voie de développement pâtissent de la pollution générée par les pays développés, ce qui a engendré, a-t-il expliqué «l'émigration climatique [déplacement des populations], avec tous les maux qui en découlent». Il a estimé que la question «de l'émigration climatique, qui est d'ordre humain, doit être abordée dans toute sa dimension tragique pour l'Afrique». De son côté, M. Ogolla Dan Bondi, représentant de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CCNUCC), a insisté sur «la nécessité du transfert des technologies en Afrique dans le cadre de l'accord de Bali», appelant les négociateurs africains à «bien se concerter» avant la Conférence de Copenhague. Dans ce sillage, Mme Lim Li Lin, du 3ème groupe de travail (Genève), a regretté que l'accord de Bali «ne soit pas respecté» par les pays développés, lesquels, a-t-elle ajouté, «doivent fournir davantage de ressources financières aux pays en voie de développement et transférer les technologies propres pour la réalisation des projets de développement». Elle a averti que la situation est devenue «dangereuse» dans les pays africains du fait de la «non-concrétisation de l'accord de Bali dans toute son intégralité».