Photo : Riad Par Samir Azzoug Le palmier dattier n'a pas fini de livrer toutes ses vertus. Cette plante, qui symbolise la fertilité chez les Egyptiens, est une source de richesses intarissable. Elle résiste et s'adapte aux aléas climatiques et environnementaux. Peu exigeant en ressources hydriques et en terre fertile, le palmier dattier présente des avantages certains que l'Organisation de l'agriculture du Sahara par intégration et substitution (Oasis Ltd) s'ingénue à transformer en produits de consommation. Le «Nakhoil» est le produit phare de la société émiratie présenté hier par le président algérien d'Oasis Ltd, Brahim Zitouni, lors d'une conférence de presse à l'hôtel Aurassi. Contraction du mot arabe «nakheel» (palmiers) et oil, Nakhoil est un bioéthanol issu des palmeraies. Devant un marché mondial de l'éthanol en plein essor –la consommation d'éthanol carburant devrait plus que doubler entre 2005 et 2010, passant de 33,7 milliards de litres à 80 milliards (dans les sept grands marchés : Brésil, Etats-Unis, Union européenne, Japon, Chine, Inde et Thaïlande), selon le directeur général de l'Organisation internationale du sucre, Peter Baron, en octobre 2006-, le bioéthanol, un substitut plus propre, a de beaux jours devant lui. Conscients de ces enjeux, les Etats-Unis ont promulgué une loi, le 18 décembre 2007, fixant comme objectif la consommation de 136 milliards de litres de biocarburants à l'horizon 2022 contre 22 milliards précédemment. En parallèle, le président Bush a proposé, en janvier 2007, de réduire de 20%, à l'horizon 2017, les projections de consommation de carburants d'origine pétrolière. Actuellement, les Etats-Unis et le Brésil sont les plus gros producteurs d'éthanol dans le monde. Les Etats-Unis ont même réussi à redynamiser l'économie rurale et créé 238 000 emplois en 2007. A base de maïs, de betterave ou encore de canne à sucre, le bioéthanol peut donc être une importante source de richesses pour le pays producteur. «Le bioéthanol arabe», comme aime à le définir Oasis Ltd, présente des caractéristiques à même de concurrencer les autres produits. Il y a d'abord le volume de production qui avoisine les 280 litres par tonnes de dattes contre 116 l/t pour la betterave et 75 l/t pour la canne à sucre. Ensuite, la teneur en sucre (qui est la base de cet alcool) par hectare est plus importante dans les dattes : 90 t contre 60 t pour la betterave et 22 t pour la canne à sucre. Par ailleurs, mélangé au carburant, à raison de 5% pour le diesel et 15% pour les autres, Nakhoil, un oxydant de carburant en substitution du méthanol, réduit significativement la production de monoxyde de carbone. (5% de bioéthanol dans les carburants réduit le monoxyde de carbone dans l'atmosphère d'environ 30%). Quant au coût de production, M. Zitouni assure qu'il sera moins élevé que les autres bioéthanols : «Il n'y a pas de coûts induits par la mécanisation, pas besoins de grandes quantités d'eaux [il n'y a pas un besoin important en pompes hydrauliques…], pas de déperdition de sucre en transport et possibilité de transformer et de vendre 3 autres produits associés.» Il est à noter également que ce produit n'aura pas de conséquences fâcheuses sur le marché des dattes. «L'Algérie produit quelque 550 000 tonnes de dattes par an. Nous avons un excès de production annuelle de 100 000 à 150 000 tonnes. Au départ, nous allons produire le bioéthanol à partir de ces dattes [pas forcément de bonne qualité], puis à partir des biomasses du palmier dattier», explique M. Zitouni. Ce n'est pas seulement le Nakhoil que propose la société Oasis Ltd, mais tout un programme économique, industriel, social et environnemental issu de la culture des palmiers dattiers. Réduire le taux de CO dans l'air, lutter contre la désertification, produire du café à partir des noyaux de dattes et des produits à la consommation humaine grâce aux fibres, intégrer le secteur agricole à celui des hydrocarbures, constituer «un barrage vert productif et durable» et plein d'autres avantages figurent parmi les objectifs de la société. Pour l'heure, le président d'Oasis Ltd assure qu'il a reçu le soutien des ministères de l'Agriculture, de l'Environnement et de l'Energie. «Nous avons bénéficié d'une assiette de terrain de 5 hectares à Oumèche (dans la zone industrielle de Biskra) pour implanter notre usine de transformation. Le premier coût, supporté par la société, est de l'ordre de 20 millions d'euros», assure M. Zitouni. Quant à la décision du gouvernement algérien, il explique que les discussions durent depuis 2005, mais «la décision est importante et il est normal que cela prenne du temps. Il faut adapter les raffineries, ce qui n'est pas une chose facile. Mais dès que nous aurons le feu vert, en deux ans nous pouvons commencer la production», poursuit-il, en annonçant que, dans les pays du Moyen-Orient, les négociations sont dans la phase «quasi finale». Notons qu'Oasis Ltd présente un panel de ses produits au Salon de l'énergie qui se tient du 15 au 19 novembre à Alger.