Photo : S. Zoheir Près de six mois après le lancement de l'opération d'assainissement du marché, force est de constater que les opérateurs de l'informel continuent de résister. C'est ainsi qu'après avoir été chassés par les autorités, au cours d'opérations remarquées, beaucoup de petits vendeurs à la sauvette ont repris leurs places et se sont remis au travail. C'est le cas, notamment, d'un certain nombre de vendeurs de fruits et légumes, poissons ou encore de films piratés qui ont regagné les lieux qu'ils occupaient auparavant sans souci apparent pour les risques encourus. A Sedikia, par exemple, quartier situé à l'est d'Oran, les vendeurs de films piratés ont réinstallé leurs étalages sur les trottoirs, à la grande joie des cinéphiles qui y affluent par dizaines dès la fin de l'après-midi : «Nous avons dû nous faire tout petit en septembre mais aujourd'hui, ça va mieux, nous n'avons pas d'autres problèmes que la cherté des CD vierges ou les bouleversements climatiques», sourit l'un d'eux en scrutant le ciel menaçant de cette fin de mois de janvier. Pour beaucoup, la lutte contre l'informel est déjà un vieux souvenir même si, de temps à autre, les pouvoirs publics rappellent qu'elle sera poursuivie. Il y a quelques semaines, l'agence régionale de l'Office national des droits d'auteurs (Onda) avait lancé, en coopération avec la brigade économique et financière de la Sûreté de la wilaya d'Oran, une opération visant à retirer du marché les CD contrefaits à travers les wilayas de l'Ouest. Des saisies ont été opérées et les auteurs promis à des poursuites judiciaires mais le phénomène n'en a pas perdu de sa vigueur pour autant, des milliers de supports audiovisuels étant toujours en circulation. Dans le centre-ville ou les quartiers périphériques, des centaines de vendeurs de films piratés ont installé leurs commerces et «rendent service» à une clientèle nombreuse et reconnaissante : «Six ou huit films pour seulement 80 dinars, c'est bien, non ? Et puis, ça leur permet de travailler et de ne pas verser dans la délinquance», explique Rachid, cinéphile, convaincu que tout rentrera dans l'ordre lorsque les pouvoirs publics auront réussi à mettre de l'ordre dans le marché : «Il ne suffit pas de chasser ces petits vendeurs, encore faut-il leur offrir la possibilité de travailler», affirme-t-il. Selon les chiffres officiels, publiés par la presse nationale, plus de 30 millions de CD sont vendus illégalement dans la région ouest du pays alors que les dix dernières années ont vu 75 maisons d'édition mettre la clé sous le paillasson.