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Plaidoyer pour la visibilité des œuvres d'arts dans l'espace public Conférence en marge de l'expo «Récup Art 2» organisée par l'Etablissement art et culture
A l'occasion de l'exposition collective «Récup Art2», une conférence a été organisée, samedi dernier, par l'Etablissement Art et Culture de la wilaya d''Alger sur la socialisation de la culture. Au cours de la rencontre, les plasticiens Guemroud Madjid et Massen Mohamed ont rappelé l'importance de la récupération de matériaux pour la confection d'œuvres d'arts. Ressusciter des objets courants destinés à la casse pour en faire des objets usuels ou des œuvres de décoration est une pratique courante dans la culture africaine et dans l'histoire de l'art contemporain. L'utilisation, par nécessité matérielle, des déchets présente dans toute l'Afrique, conviennent les plasticiens, a inspiré des artistes comme l'espagnol Pablo Picasso et les Dadaïstes au début du XXe siècle, initiateurs de cette démarche dans l'art contemporain. Les plasticiens algériens ont également plaidé pour la réappropriation de l'art de la récupération et pour sa vulgarisation à travers l'enseignement et la visibilité des œuvres dans l'espace public. Cette problématique est aujourd'hui au cœur de tous les débats concernant les différents mécanismes à mettre en place pour promouvoir les créations artistiques et les rendre visibles dans les espaces publics, offrant ainsi à un plus grand nombre de personnes l'opportunité de côtoyer des œuvres d'arts dans leur quotidien. Cette gestion de la cité est instituée dans certain pays. En France, par exemple, existe un texte réglementaire, qu'on appelle «la loi de 1%», qui commande à toute institution de réserver 1% du budget pour la construction d'un édifice public à la réalisation d'une œuvre d'art qui sera incluse dans le projet. En Algérie, des efforts ont certes été fournis dans ce sens, mais ils restent minimes face aux énormes potentialités esthétiques que peuvent exploiter les responsables des autorités locales aux différents niveaux. Rappelons le dernier tollé suscité par la décision d'enlever le tronc d'arbre sculpté par plusieurs artistes, qui trônait au niveau de la petite placette de la Grande Poste d'Alger depuis plusieurs années devenant, ainsi, un objet d'affect et de fierté pour les habitants et même les passants. Un geste injustifié, qui a été suivi d'une campagne sur les réseaux sociaux, seul moyen pour les citoyens et les artistes d'exprimer leur incompréhension face à cet acte sauvage. Ce qui montre l'importance qu'accordent les Algériens à l'embellissement et l'esthétique du tissu urbain. Par ailleurs, dans le cadre de la conférence, les artistes ont aussi souligné le fait qu'«aujourd'hui, avec l'urbanisation croissante et l'entrée dans une société de consommation, les œuvres conçues à partir d'assemblages de matériaux récupérés servent à faire passer un message lié à la préservation de l'environnement et assurent une participation de l'artiste à façonner l'espace public, comme c'est le cas en Europe, ou encore à construire une mémoire collective». D'autres plasticiens, comme Badreddine Bedidi, par ailleurs enseignant d'arts plastiques au lycée, ont appelé a renforcer la discipline de la récupération dans l'éducation artistique des élèves. Organisée jusqu'au 31 janvier au centre des loisirs scientifiques d'Alger, l'exposition «Récup Art 2» réunit douze plasticiens algériens de différentes générations qui exposent, sous diverses formes, des sculptures, des tableaux et des installations réalisés à partir de matériaux urbains. Il est à noter qu'introduit au début du XXe siècle, l'art de la récupération s'est développé depuis en Europe et aux Etats-Unis, où il compte de prestigieux représentants, à l'exemple de Marcel Duchamp, Daniel Spoerri, César et d'autres. S. A. /APS