Lors d'une conférence organisée, samedi dernier, par l'établissement Art et Culture d'Alger à l'occasion de l'exposition collective " Récup Art 2", plusieurs plasticiens algériens ont appelé à la réappropriation de l'art de la récupération afin de le vulgariser à travers l'enseignement et la visibilité des œuvres dans l'espace public. Les plasticiens Guemroud Madjid et Massen Mohamed ont rappelé l'importance de la récupération de matériaux dans la confection d'œuvres d'arts et d'objets courants dans la culture africaine et dans l'histoire de l'art contemporain. L'utilisation, par nécessité matérielle, des déchets présente dans toute l'Afrique, conviennent les plasticiens, a inspiré des artistes comme l'espagnol Pablo Picasso et les Dadaïstes au début du 20ème siècle, initiateurs de cette démarche dans l'art contemporain. Aujourd'hui, avec l'urbanisation croissante et l'entrée dans une société de consommation, les œuvres conçues à partir d'assemblages de matériaux récupérés servent à faire passer un message lié à la préservation de l'environnement et assurent une participation de l'artiste à façonner l'espace public, comme c'est le cas en Europe, ou encore à construire "une mémoire collective", estiment d'autres artistes qui prennent part à l'exposition. Mohamed Massen a dans ce sens, pris exemple sur ce qui se fait au Liban où un plasticien a utilisé des épaves de chars datant de la guerre civile (1975-1990) dans une installation qui "participe à sauvegarder la mémoire autant que les écrits de cette époque" a-t-il soutenu. D'autres plasticiens comme Badreddine Bedidi, par ailleurs enseignant d'arts plastiques au lycée, ont appelé a renforcer la discipline de la récupération dans l'éducation artistique des élèves. Organisée jusqu'au 31 janvier au centre des loisirs scientifiques d'Alger, l'exposition "Récup Art 2" réunit douze plasticiens algériens de différentes générations qui exposent, sous diverses formes, des sculptures, des tableaux et des installations réalisés à partir de matériaux urbains (objets mécaniques, ustensiles de cuisine, objets domestiques, journaux, etc.). Dans cette exposition, des artistes comme Bouzidi Omar développent des thèmes liées à l'identité algérienne à travers des collages sur des feuilles mortes alors que d'autres , à l'instar de Bedidi Badreddine, Hamouche Leila et Idjeri Yazed exposent des sculptures réalisées à partir d'éléments hétéroclites (clés, compteurs électriques, fils de fer, etc.) agencés et repeints selon diverses techniques (aérosol, laque...). Introduit au début du 20ème siècle, l'art de la récupération s'est développé depuis en Europe et aux Etats-Unis. Amel D.