Le lancement des différents projets de développement conjugué à l'augmentation du nombre de voitures en circulation - la Sûreté de la wilaya estime que 120 000 véhicules sont en mouvement quotidien - ont considérablement compliqué la vie aux Oranais. Se déplacer à travers la ville est devenu stressant et fatigant pour l'automobiliste contraint d'élaborer mille itinéraires pour tenter d'échapper aux bouchons qui, désormais, se forment à toute heure de la journée. La situation est telle que les chauffeurs de taxi refusent désormais de pénétrer dans le centre-ville où ils sont certains d'être happés par les embouteillages et les encombrements : «C'est l'heure de pointe à toute heure de la journée», ironise l'un d'eux, mi-figue mi-raisin. Les déviations de rues, rétrécissement de chaussées et voies fermées pour cause de travaux ont conduit tous les flux de voitures à converger vers les quelques artères qui restent ouvertes à la circulation mais qui ne peuvent contenir le nombre de véhicules en mouvement. C'est ainsi que des Boulevards comme Larbi Ben M'hidi, Mohamed Khemisti, la Soummam ou encore l'incontournable Front de mer, connaissent un déversement ininterrompu mais très lent de milliers de voitures tous les jours. Ce qui a mené les services de police à trouver des astuces pour désengorger une circulation davantage compliquée par l'absence de parkings et d'aires de stationnement qui mène les automobilistes à se garer presque n'importe où et n'importe comment. A certaines heures de la journée, sur le Front de mer, par exemple -boulevard que les automobilistes empruntent en espérant fuir les encombrements - la situation est telle que les agents de l'ordre dévient d'autorité la circulation vers la route du port, à hauteur de l'hôtel Adef, sans se soucier de ceux qui se rendent au marché Michelet ou Mirarmar, quelques dizaines de mètres plus loin. Toujours sur le Front de mer, cette fois à hauteur du rond-point Zabana, la police autorise les automobilistes empruntant le boulevard à enjamber la ligne continue pour permettre le désencombrement rapide du rond-point vers lequel affluent des milliers de voitures provenant des quartiers de l'Est, du port ou encore du centre-ville. Ceux des automobilistes qui décident d'emprunter la route du port pour échapper à la circulation se retrouvent généralement pris à la gorge par d'importants embouteillages qui, là aussi, conduisent les agents de la circulation à intervenir, avec plus ou moins de bonheur, à proximité du premier tunnel menant vers le quartier de Mirarmar : «Oran est devenu une constellation de points noirs», constatent les automobilistes en énumérant tous ces lieux, qu'il est devenu impossible de traverser sans donner des coups de klaxons rageurs : ronds-points de la wilaya, El Bahia, Cité Djamel, Sédikia - à proximité de Batimat Taliane, Zabana , El Morchid, l'Usto, Roux…, sans parler des intersections et croisements qui sont constamment encombrés. Il n'est jusqu'aux périphériques, conçus pour désengorger le centre-ville, qui connaissent désormais des encombrements inédits : «Et ce qui n'arrange rien, note un chauffeur de taxi, les conducteurs ne respectent pas le code de la route, grillent les feux et franchissent les lignes continues sans se soucier des dangers qu'ils courent et font courir aux autres.» Plus que jamais le besoin de parkings, de nouvelles trémies (cinq sont en cours de réalisation) et d'élargissement des routes se font sentir pour libérer une ville qui étouffe. L'annonce de la réception en mai du tramway est perçue comme la promesse d'une bouffée d'air dans cet environnement étouffant à plus d'un titre. Il est à espérer que le tram tiendra toutes ses promesses.