Docteur Mahmoud Lakhal, président de la fédération des apiculteurs, s'exprimant, jeudi dernier, sur les ondes de la Radio nationale, a déclaré qu'agriculteurs et apiculteurs doivent se concerter et discuter des pesticides utilisés dans l'agriculture. Selon lui, ces pesticides sont «nocifs», et mettent en péril l'apiculture. Il s'est attardé sur la nécessité de protéger l'apiculture et de diminuer l'importation de miel, rappelant les pertes que les apiculteurs ont essuyées, du fait des intempéries enregistrées début 2012. Aujourd'hui, Avaaz, une organisation internationale lancée en janvier 2007, fait circuler une pétition pour interdire l'utilisation de ces pesticides, et exercer de fortes pressions sur de nombreux Etats pour le faire. L'Algérie est-elle concernée ? Cette pétition, Mohamed Lakhal la soutient. Au niveau régional, l'Union européenne pourrait interdire les pesticides les plus dangereux et ouvrir la voie à une interdiction internationale qui pourrait bel et bien sauver les abeilles. Quatre pays européens ont déjà interdit ces poisons, et les colonies d'abeilles s'y reconstituent lentement. L'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a déclaré, il y a quelques jours, que certains pesticides tuent les abeilles. Aujourd'hui, juristes et députés européens appellent à une interdiction totale. Mais Bayer et d'autres producteurs de pesticides mènent un lobbying acharné pour maintenir leurs produits sur le marché. Si, massivement, ce lobbying est dénoncé, la Commission européenne pourrait faire passer la santé des citoyens et la protection de l'environnement avant les plus-values de quelques actionnaires. L'année dernière, 1,2 million de signataires avaient forcé les autorités américaines à engager une consultation sur les pesticides. Aujourd'hui, avec deux millions de signatures, il est possible de convaincre l'UE de se débarrasser de ces poisons et paver la voie à une interdiction planétaire. Les abeilles ne servent pas uniquement à produire du miel : elles sont essentielles à la vie sur Terre et pollinisent chaque année 90% des plantes sauvages et cultivées. Ces dernières représentent une valeur d'environ quarante milliards de dollars et plus d'un tiers des disponibilités alimentaires mondiales. Si les abeilles disparaissent, nos fruits, légumes et noix préférés pourraient disparaître des étals. Au cours des dernières années, les colonies d'abeilles ont fortement décliné. Des espèces se sont déjà éteintes et certaines espèces américaines ont vu leurs colonies décimées, réduites à 4% de leur population habituelle. Les scientifiques cherchent des réponses depuis longtemps, et, aujourd'hui, l'Efsa affirme que certains pesticides, les néonicotinoïdes, pourraient être responsables de ce massacre. La France, l'Italie, la Slovénie et même l'Allemagne, pourtant patrie de Bayer, l'un des plus grands producteurs de ces pesticides, les ont déjà interdits. Mais Bayer continue d'exporter son poison dans le monde entier. Aujourd'hui, nous entrons dans une phase cruciale pour l'interdiction des pesticides. Les députés européens intensifient leur pression sur la Commission et certains pays pour faire adopter une loi contre ces poisons. Les pétitionnaires pourraient les aider par un soutien citoyen massif contre ce puissant lobby. Les menaces s'accumulent sur la biodiversité. Les membres d'Avaaz s'unissent une fois encore pour protéger les animaux en danger, grands ou petits. Qu'il s'agisse de gagner une bataille pour empêcher la Commission baleinière internationale de légaliser le meurtre de ces géants des océans ou qu'il s'agisse de sauver les abeilles, ces minuscules créatures dont la nature est si dépendante, l'organisation défend un idéal. Y. S.