Plusieurs dizaines de milliards d'abeilles à travers le monde se sont évaporées dans la nature. Et ce n'est pas près de s'arrêter. Le phénomène a pris de l'ampleur aux Etats-Unis notamment. D'autres pays sont touchés également. Le hic dans tout cela est que personne ne sait pourquoi. Certains apiculteurs américains ont vu leurs ruches se vider en une journée, d'autres ont perdu leur colonie entière. Au niveau de la côte ouest des Etats-Unis, par exemple c'est plus de 60% de perte parmi les ruches touchées, qui est à déplorer. Ce chiffre a même atteint 90% dans certains Etats de l'est et du sud des Etats-Unis. Mais le fléau touche aussi l'Europe. La France dénombre la disparition de 15 à 95% des colonies pour les apiculteurs atteints. L'Allemagne, la Pologne, l'Autriche, la Suisse, le Portugal, la Grèce et l'Espagne n'ont pas été épargnés. Pis encore, le Québec dénombre un peu plus de la moitié de ses ruches qui ont été affectées. Et cela pose un grave problème économique, car une importante partie de l'agriculture québécoise est basée sur l'ensemencement opéré par les abeilles lorsqu'elles butinent. Aux Etats-Unis, le montant des pertes s'élève à 15 milliards de dollars. Au Maroc comme en Algérie, les apiculteurs ont tiré la sonnette d'alarme. Plusieurs colonies ont disparu. Certains professionnels disent que les pesticides utilisés dans la lutte anti-acridienne sont à l'origine du phénomène. Mais le constat est bien pire au niveau de l'environnement, car 75% des cultures qui nous nourrissent dépendent des pollinisateurs, et, par conséquent, des abeilles. Plusieurs hypothèses ont été émises quant à l'origine de ce mal. Celui qui retient le plus notre attention est bien évidemment l'utilisation de pesticides largement nocifs, tels que l'imidaclopride (présent dans le Gaucho) qui annihile chez l'abeille toute capacité de communication durant de nombreuses heures ou le fipronil (présent dans le Régent et dont la toxicité a été clairement démontrée aux Etats-Unis) qui lui fait perdre tout sens de l'orientation. Le Régent, produit par la firme BASF, est un neurotoxique particulièrement dénoncé par les apiculteurs. La vente du Régent a été d'ailleurs suspendue. L'insecticide est soupçonné de décimer les abeilles. Par ailleurs un autre produit, le Gaucho sur maïs, fabriqué par Bayer, et également mis en cause, a été un peu plus tard retiré du commerce. Pourtant la nocivité de ces molécules n'est pas établie de manière absolue. Des expertises ont donné des résultats contradictoires. Ainsi d'autres recherches menées par l'Inra présentent des résultats moins catégoriques. Les fabricants rejettent, eux, toute responsabilité. Parfois, les abeilles ne disparaissent pas mais elles ne font plus de miel. Depuis l'aube de l'humanité, l'homme savoure le miel. Aujourd'hui le nectar se fait rare car les abeilles sont malades. Depuis une trentaine d'années, dans beaucoup de pays, les populations d'abeilles diminuent et se fragilisent. Désigné coupable, l'homme, avec la surexploitation industrielle de la nature, l'ajout inconsidéré de produits chimiques pour produire, mieux et plus. Le " plus " s'est transformé en son contraire. Encore une fois, voilà l'écosystème menacé. Car hormis l'abeille, c'est toute la chaîne complémentaire qui relie l'animal au végétal qui se trouve déréglée. Car qui dit, pas d'abeilles et pas de pollinisation dit aussi disparition de certaines espèces végétales et disparition de certaines espèces animales. Albert Einstein aurait dit : "Si l'abeille disparaissait de la surface du globe, l'homme n'aurait plus que quatre années à vivre, plus de pollinisation, plus d'herbe, plus d'animaux, plus d'hommes". Mieux encore, Rudolf Steiner avait prédit, lors d'une conférence, que si l'élevage intensif et artificiel des abeilles se perpétrait, il n'y en aurait plus d'ici aux 80 prochaines années. Il a fait cette conférence en 1924…Espérons que l'avenir lui donne tort. Mais le fait est là : si l'homme veut agir, c'est maintenant ou jamais.