Synthèse de Rabah Iguer Le représentant du Secrétaire général de l'ONU pour la Libye, M. Tarek Mitri, a déclaré, mardi, devant le Conseil de sécurité, que la sécurité des frontières de la Libye demeurait une «préoccupation majeure». Intervenant devant l'organe de décision de l'ONU pour faire le point sur la situation de ce pays, M. Mitri a expliqué que la sécurité le long des frontières de la Libye demeurait une «préoccupation majeure» compte tenu des «capacités actuelles limitées» en la matière et de «l'impact possible des développements récents au Mali». Le représentant de Ban Ki-moon a exprimé ses craintes quant à «l'opposition des groupes armés radicaux à l'intervention militaire au Mali qui peut aggraver la situation étant donné, non seulement les liens idéologiques et ethniques, mais aussi la porosité des frontières en Libye». Dans ce sillage, il a rappelé qu'en décembre dernier, le Premier ministre libyen, M. Ali Zeidan, s'était rendu en Algérie, au Tchad, au Niger et au Soudan pour discuter de la sécurité des frontières et des moyens d'améliorer les relations bilatérales. Cette visite a abouti à des accords sur la coopération en matière de sécurité des frontières, a affirmé M. Mitri, qui est aussi le chef de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul). Il a également ajouté qu'en janvier en cours, M. Zeidan avait rencontré ses homologues algérien et tunisien pour adopter des mesures communes afin de lutter contre la criminalité transnationale organisée, le terrorisme et les trafics transfrontaliers. Toujours sur le chapitre sécuritaire, il a rappelé qu'en début janvier, le président libyen, M. Mohamed Youssef el-Megarief, avait survécu à une tentative d'assassinat lors d'une visite à Sabha, tandis que des inconnus armés ont également tiré sur le véhicule du Consul italien à Benghazi il y a quelques jours. Les attaques ciblées contre des responsables de la sécurité se poursuivent dans l'est du pays, a-t-il fait savoir, en précisant que le chef de la police de Benghazi et un haut fonctionnaire du département des enquêtes criminelles à Benghazi et à Derna avaient été attaqués à de nombreuses reprises, ainsi que des patrouilles de police. M. Mitri a affirmé que le ministère de l'Intérieur, soutenu par le Conseil local de Benghazi, avait commencé à mettre en oeuvre une politique de sécurité participative, impliquant les citoyens et les chefs de tribus en vue de ramener la stabilité dans cette ville. En outre, diverses institutions libyennes, avec l'aide de l'ONU et d'autres partenaires étrangers, ont continué de faire des progrès significatifs dans la gestion des armes, selon lui. Néanmoins, il a considéré que «si la situation sécuritaire reste précaire, les efforts entrepris pour réformer le secteur de la sécurité sont caractérisés par une plus grande cohérence». Abordant la situation générale de ce pays maghrébin, le représentant de l'ONU a observé que si la détermination et les initiatives des autorités libyennes étaient «de bon augure» pour renforcer les institutions, «de nombreuses décisions difficiles» doivent, néanmoins, être prises en ce qui concerne la rédaction de la Constitution, la justice, la réconciliation et la réforme du secteur de la sécurité. «Pour l'avenir, il est nécessaire d'assurer un large appui à ces décisions et de rechercher un consensus sur les priorités nationales dans cette phase cruciale de consolidation de l'Etat démocratique», a déclaré M. Mitri. A cette fin, a-t-il préconisé, les autorités libyennes, les forces politiques, les chefs de tribus, les communautés, les organisations de la société civile et les révolutionnaires «devraient s'engager dans un processus de dialogue national». Il a aussi expliqué que le Premier ministre libyen avait pris l'initiative de renforcer les relations de coopération et de respect mutuel avec les pays voisins, ainsi qu'avec d'autres partenaires internationaux. Présent à cette séance du Conseil de sécurité, le représentant de la Libye a souligné que son pays comptait sur la présence de la Manul pour renforcer ses institutions et sa stabilité. «Il s'agit d'une période difficile», a-t-il confirmé en mettant l'accent sur l'importance de l'expertise de l'ONU dans plusieurs domaines, notamment la réforme du secteur de la sécurité, la rédaction de la Constitution et la préparation des élections. R. I.
L'UE va lancer une mission pour aider la Libye à contrôler ses frontières Les ministres européens des Affaires étrangères ont donné, jeudi dernier, leur feu vert au ancement d'une mission de l'UE destinée à aider la Libye à mieux contrôler ses frontières, un enjeu jugé prioritaire dans le contexte tendu au Sahel. L'UE souhaite accélérer les préparatifs de cette mission civile, dont le concept de gestion de crises (CMC) a été approuvé, jeudi, à Bruxelles, afin que les experts de l'UE puissent être déployés «dès que possible», a indiqué un responsable européen. «Nous espérons qu'elle puisse être à pied d'oeuvre avant l'été», a-t-il précisé. La décision des ministres lance officiellement les préparatifs et la planification opérationnelle, mais la création de la mission nécessitera une nouvelle décision formelle, a précisé l'UE dans un communiqué. Son mandat initial sera d'au moins deux ans. L'objectif de la mission européenne vise à former des personnels chargés du contrôle des frontières terrestres, maritimes et aériennes, et de renforcer les services généraux à Tripoli, a précisé un responsable de l'UE. La gestion des flux migratoires, de la question des droits de l'Homme et plus généralement les réformes en faveur de l'Etat de droit feront aussi partie de ce programme d'aide à la Libye.
L'UE pour une coopération étroite avec les pays du Maghreb en matière de sécurité Les ministres européens des Affaires étrangères ont souligné, jeudi dernier, l'importance d'une coopération étroite avec les pays du Maghreb en matière de sécurité, notant que les derniers événements survenus dans la région sahélo-saharienne mettent en évidence la gravité de la menace terroriste qui pèse sur cette région, l'Europe et le Maghreb. Réunis à Bruxelles en Conseil des Affaires étrangères, les chefs de la diplomatie des 27 Etats membres de l'Union européenne se sont dits favorables à une coopération étroite avec les pays du Maghreb en matière de sécurité, y compris la lutte contre le terrorisme et la surveillance des frontières. Ils ont invité à cet égard la Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité ainsi que la Commission européenne à oeuvrer, en coopération avec le coordinateur européen pour la lutte contre le terrorisme, pour le renforcement de la coopération avec les pays du Maghreb dans ce domaine, afin que les objectifs fixés par l'UE dans sa stratégie pour la sécurité et le développement au Sahel soient atteints. L'UE a souligné récemment l'importance pour les pays du Maghreb de coordonner ensemble la lutte contre le terrorisme et les trafics de tous genres, et exprimé son soutien à tous les efforts visant à promouvoir le renforcement de leur coopération dans ce domaine. Elle a fait part aussi de sa disposition à fournir des conseils techniques aux autorités compétentes dans les pays du Maghreb et aux structures actives dans la lutte contre le terrorisme et les trafics, et à mettre en place des contacts réguliers entre le personnel militaire de l'UE, le Centre d'analyse du renseignement de l'UE, Europol et les autorités compétentes dans les pays du Maghreb afin de garantir de meilleurs échanges d'informations.