Israël a enfin reconnu, hier, avoir mené un raid sur le territoire syrien. Gardant depuis mercredi le silence sur cette opération et entretenant, par la même, le silence sur la véracité de l'attaque dénoncée par Damas. Le président Bachar al-Assad n'a pas manqué de réagir. Il a affirmé que l'Etat sioniste voulait «déstabiliser» le pays, déjà miné par un conflit meurtrier opposant ses troupes aux rebelles. Le président Assad a accusé Israël de vouloir «déstabiliser» et «affaiblir» la Syrie en visant un centre de recherches militaires, près de Damas. Cité par l'agence officielle Sana à l'issue d'un entretien avec un haut responsable iranien, Saïd Jalili, le président syrien a également dénoncé la «collaboration avec les forces étrangères ennemies et leurs agents sur le sol syrien». Damas assimile les rebelles dans le pays à des «terroristes» soutenus et financés par l'étranger. Ces déclarations interviennent au moment où l'opposition syrienne mène pour la première fois, à Munich, des contacts avec les deux principaux alliés de Damas, la Russie et l'Iran. Ces derniers ont tous deux salué la volonté de la Coalition de mener un dialogue, sous conditions, avec le régime syrien. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, a salué la volonté du chef de l'opposition syrienne, Ahmed Moaz al-Khatib, de dialoguer, sous conditions, avec le régime. «C'est un bon pas en avant», a-t-il déclaré, qualifiant sa réunion inédite, à Munich, avec M. Khatib de «très bonne». Selon lui, les deux parties ont décidé de poursuivre les contacts. La veille, son homologue russe Sergeï Lavrov, qui a également rencontré M. Khatib pour la première fois, a qualifié l'initiative de ce dernier de «pas très important» et promis des «contacts réguliers» avec l'opposition. Moscou refuse toujours un changement de régime par la force, principale divergence avec Washington, qui réclame le départ de Bachar al-Assad du pouvoir. Damas n'a pas réagi officiellement à ces rencontres. De son côté, la Turquie, un des principaux soutiens de l'opposition, a affiché son scepticisme, son ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, estimant qu'un dialogue entre le régime et ses adversaires ne permettrait pas de trouver une solution au conflit. Un tel dialogue «est une voie erronée. Ça ne peut pas être une solution», a lancé le ministre à la conférence de Munich. L'initiative surprise de M. Khatib a fait grincer des dents parmi, notamment, les capitales occidentales et certains membres de l'opposition qui leur sont acquis. Coupant la voie à la surenchère, le porte-parole de la Coalition a affirmé depuis Munich, que «la majorité» de ce rassemblement soutenait la voie du dialogue. C'est dans cette même ville allemande que le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a confirmé implicitement, devant la Conférence de sécurité, que le raid aérien mené en Syrie mercredi était le fait des forces israéliennes. «Ce qui s'est passé il y a quelques jours [...] montre que quand nous disons quelque chose, nous nous y tenons. Nous avons dit que nous ne pensons pas qu'il doit être permis que des systèmes d'arme perfectionnés soient transférés au Liban», a-t-il dit, allusion au parti chiite Hezbollah allié de Damas et bête noire d'Israël. R. I.