Washington a dénoncé de nouveau le soutien militaire apporté par l'Iran et la Russie au régime syrien, au moment où le conflit risque de s'étendre dans la région à la suite d'une frappe israélienne en Syrie à laquelle Damas a menacé de riposter. Alors que les violences ont fait 60 000 morts en près de deux ans selon l'ONU et qu'aucune issue ne semble en vue, une réunion est prévue samedi à Munich (Allemagne) entre le vice-président américain Joe Biden, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, le médiateur international Lakhdar Brahimi et le chef de l'opposition syrienne Ahmed Moaz al-Khatib. La chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton avait accusé jeudi la Russie de continuer «de fournir une assistance financière et militaire» à Damas. Quant à l'Iran, avait-elle déploré, il envoie «davantage de personnels» et d'armements. Au lendemain du raid supposé israélien, qui serait le premier depuis le début en mars 2011 d'une révolte populaire devenue guerre civile, les autorités syriennes ont rappelé jeudi leur «droit à défendre (leur) souveraineté». Israël a officiellement gardé le silence sur ce raid qui a, selon Damas, partiellement détruit un centre de recherche militaire et fait deux morts. Pour l'ambassadeur de Syrie à Beyrouth, Ali Abdel Karim Ali, la Syrie se réserve le droit de répondre à cette «agression sioniste» condamnée par les deux alliés de Damas, l'Iran et le mouvement chiite libanais Hezbollah. L'Iran a d'ailleurs mis en garde contre les «graves conséquences pour Tel-Aviv» après le raid, sans autre précision. Des sources sécuritaires avaient affirmé mercredi que l'aviation israélienne avait attaqué un convoi transportant des armes venant de Syrie à la frontière libanaise mais l'armée syrienne avait démenti. La Maison Blanche a cependant mis en garde Damas, affirmant : «Il ne faut pas que la Syrie déstabilise encore plus la région en transférant des armements au Hezbollah.» L'Etat hébreu a toujours affiché sa détermination à empêcher le transfert d'armes sophistiquées syriennes vers le Hezbollah, sa bête noire. Le chef de l'opposition syrienne a pour sa part accusé le régime de passivité face au raid. «Honte au régime d'Assad. Les avions israéliens sont venus et tes avions ont regardé faire. Tes avions ne servent qu'à détruire les mosquées et les universités, et à tuer les civils» a dit Ahmed Moaz al-Khatib en allusion aux raids de l'armée qui font chaque jour des dizaines de morts dans le pays. Sur le terrain, de nouveaux combats ont eu lieu vendredi dans la périphérie de Damas, où des chars de l'armée prenaient pour cible des fiefs rebelles, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Des affrontements ont été signalés près du camp de réfugiés palestinien de Yarmouk (sud), bombardé, de même que plusieurs localités de banlieue tenues par les rebelles. Jeudi, les violences ont fait 163 morts à travers le pays, selon cette ONG qui s'appuie sur un large réseau de militants et de sources médicales dans les hôpitaux civils et militaires à travers la Syrie. Comme tous les vendredis, des manifestations contre le régime étaient prévues dans toute la Syrie, avec comme mot d'ordre : «La communauté internationale est complice des massacres d'Assad». Au Caire, la Coalition de l'opposition syrienne a affirmé que «toute négociation ou dialogue doit porter sur le départ du régime», ajoutant «accueillir toute solution politique ou effort international visant à atteindre cet objectif». M. Khatib avait créé la surprise mercredi en annonçant être prêt à dialoguer avec le régime, tout en posant des conditions comme la libération de «160 000 détenus» par Damas.