La justice égyptienne a reporté, hier, une nouvelle fois, son verdict sur la légalité de la commission dominée par les islamistes et qui a rédigé une Constitution contestée, adoptée en décembre. La Haute cour constitutionnelle devait se prononcer dans la journée mais a repoussé sa décision d'un mois, au 3 mars, ont indiqué les médias officiels. Le sort de la commission aurait dû être examiné dès le 2 décembre, mais des partisans du président islamiste, Mohamed Morsi, avaient encerclé le siège de la Haute cour constitutionnelle, provoquant la suspension de ses travaux. La Haute cour constitutionnelle doit aussi examiner la légalité du Sénat, mais à une date non déterminée, le dossier ayant été transféré à son comité consultatif. Le Sénat, également dominé par les islamistes, assume le pouvoir législatif jusqu'à l'élection d'une nouvelle assemblée du peuple, la précédente ayant été dissoute. Ce report intervient au lendemain de violents heurts entre manifestants et forces de l'ordre devant le palais présidentiel. La contestation du président Morsi s'est renforcée hier par le ralliement du Front du salut national (FSN) aux revendications de la rue. Celle-ci réclame, depuis le 24 janvier, la démission du chef de l'Etat, tenu pour responsable des nouveaux dérapages. Le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), des Frères musulmans, dont est issu le président Mohamed Morsi, a tiré à boulets rouges hier contre le FSN, qu'il a accusé de «sabotage». «Colère populaire contre la violence et contre le Front du sabotage», écrit en Une le quotidien Al-Hourriya Wal Adala, organe du PLJ, qui rend la coalition de l'opposition responsable des affrontements entre policiers et manifestants devant le palais présidentiel ayant fait, vendredi, un tué et des dizaines de blessés. «En étant témoin de la violence et des milices armées du FSN, le peuple connaît désormais l'agresseur, celui qui cherche à accéder à la présidence par la force après son échec aux urnes», écrit un commentateur dans le journal. L'engagement pris, sous l'égide d'Al-Azhar, jeudi dernier, par toutes les factions politiques de prévenir la violence et de favoriser le dialogue pour une sortie de crise a vraisemblablement mal tourné. La coalition dénonce depuis des mois une mainmise de M. Morsi, premier président islamiste et civil d'Egypte, élu en juin 2012, et des Frères musulmans sur le pouvoir. Elle prône une sortie de crise passant notamment par la formation d'un «gouvernement de salut national» et des amendements à la Constitution adoptée en décembre. Dans un communiqué publié samedi soir, le FSN a affirmé «se ranger totalement au côté des appels du peuple égyptien et de ses forces vives à une chute du régime de la tyrannie et (à la fin de) l'hégémonie des Frères musulmans». Amr Moussa, l'un des dirigeants du FSN, a tenu à nuancer la teneur de ce passage du communiqué : «Nous ne sommes pas en conflit avec la présidence», a-t-il déclaré sur une radio locale. Le FSN a également réclamé une enquête «indépendante pour les crimes» perpétrés par les forces de l'ordre «afin de poursuivre en justice tous ceux qui en sont responsables, à commencer par le président de la République et son ministre de l'Intérieur» Mohamed Ibrahim. G. H. /Agences