Photo : riad De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad
Les marchés hebdomadaires continuent d'être en Kabylie le point de chute de dizaines de milliers de visiteurs à la recherche d'occasions d'achat à bon prix et le lieu de rencontres et de rendez-vous et d'échanges entres les populations de plusieurs parties de la région qui n'ont que cet espace millénaire pour se voir et avoir des nouvelles sur leur vécu et leur environnement et ce malgré l'ouverture récente de surfaces publiques de la grande distribution de divers articles ménagers et de consommation et la multiplication ces dernières années de magasins de luxe proposant des produits d'importation. Beaucoup d'habitants de Kabylie sont encore ainsi très attachés à cette virée hebdomadaire et se moquent des conditions souvent chaotiques de la tenue des marchés hebdomadaires par les autorités locales qui ne sont-là la plupart du temps que pour ramasser leur dû (impôts ou taxes) sur les marchands ambulants et les pauvres vendeurs d'herbes et de fruits et légumes de saison. Tout le monde a en effet remarqué que les marchés hebdomadaires, qu'ils soient ceux des grands lieux urbains ou ceux des localités déshéritées, se tiennent depuis toujours sur les mêmes sites appartenant à la collectivité locale et où les conditions d'hygiène et de sécurité sont rarement de mise, à croire qu'il s'agit d'une activité inconnue de la société locale en mal d'espaces sains de commercialisation, de loisirs et d'expressions diverses. Et au lieu de se pencher d'abord sur la situation des anciens marchés, les pouvoirs publics ont des préoccupations d'ouverture d'autres marchés comme si le problème jusque-là résidait dans la quantité et non dans la qualité de ceux existants. Dans ce sens, début juillet dernier, un nouveau marché des fruits et légumes, sis au carrefour dit «l'Habitat», périphérie est de la ville de Tizi Ouzou, a été inauguré en grande pompe par les autorités locales dans le but de recaser des commerçants informels réduits au «chômage» dans le cadre du plan de lutte contre le commerce illicite menée par la Sûreté de wilaya en mai 2011. Le marché est composé de 150 box d'une superficie de neuf mètres carrés (9 m²) chacun. «Cette nouvelle infrastructure, qui permettra une meilleure organisation de l'activité commerciale, contribuera efficacement à la stabilité des commerçants, des jeunes pour la plupart», selon le cabinet du wali de Tizi Ouzou. Mais des points importants ont attiré l'attention des habitants de la ville de Tizi Ouzou, les premiers concernés par ce nouveau marché : l'éloignement du site des familles et foyers visés, les dangers de la circulation automobile sur les potentiels usagers, le marché étant situé à un carrefour très emprunté durant toute la journée sans compter le transport public aléatoire qui existe sur cette ligne. On peut relever que ces «modèles» de marché sont plus destinés à régler des problèmes d'ordre public en repoussant loin du chef-lieu de wilaya (et en les diminuant ainsi) les «rassemblements» quotidiens des chefs de famille et autres visiteurs et curieux, qu'à garantir de meilleurs conditions pour les emplettes des classes sociales misérables. Même si localement un programme de «réhabilitation et de réaménagement» des marchés de proximité dans les communes de la wilaya de Tizi Ouzou est en cours, alors que récemment encore, les autorités en charge du commerce à tous les niveaux se sont rétractées sur le projet de réalisation d'un marché de gros de fruits et légumes dans la localité de Tadmaït (wilaya de Tizi Ouzou) et c'est une autre wilaya qui a bénéficié de l'enveloppe du marché en question. Qui peut faire pire ?