Le chef de l'opposition syrienne, Ahmed Moaz al-Khatib, a proposé d'ouvrir des négociations avec le vice-président Farouk al-Charaâ, comme représentant du régime syrien, dans le but de trouver une issue au conflit qui ensanglante le pays depuis deux années. Une note d'espoir en Syrie en proie à une terrible tragédie. La diplomatie américaine a apporté son soutien à cet appel au dialogue. Personnalité d'importance du gouvernement syrien, Farouk al-Charaâ, 73 ans, avait affiché en décembre certaines dissemblances avec le président en se prononçant pour une solution négociée. Chef de la diplomatie syrienne durant 22 ans, il avait affirmé qu'aucune partie n'était en mesure de l'emporter par la voie des armes. Le chef de l'opposition a exhorté le régime à répondre positivement à son initiative de dialogue, pour le bien du peuple syrien. Selon l'ONU, plus de 60 000 personnes ont été tuées dans cette guerre civile aux ramifications externes. Khatib avait créé la surprise fin janvier en se disant disposé, pour la première fois, à dialoguer avec des représentants du régime en place. L'idée du dialogue semble faire de plus en plus d'adeptes, après un long statu quo meurtrier. Des responsables iraniens, qui ont rencontré ces derniers jours, pour la première fois, le chef de l'opposition, ont salué la proposition de Khatib, allant dans le sillage de la Russie, qui a également entamé une ouverture inédite à l'égard de l'opposition. Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a appelé Damas et l'opposition à une «entente nationale» affirmant, dans une interview à la chaîne panarabe Al Mayadeen, que la guerre n'était «pas la solution». Mais la sortie de Khatib n'a pas été du goût de tout le monde dans l'opposition provoquant, ainsi, certaines critiques. Il a réagi à ceux qui avaient critiqué sa politique de main tendue au sein de son propre camp, en disant refuser «que ceux qui parlent de négociations soient accusés de trahison». Le retour du début d'espoir pour un dialogue intervient alors que la population syrienne est épuisée par près de deux ans de tueries, de destructions et d'une terrible dégradation de la situation humanitaire. Damas n'a pas encore réagi officiellement à cette proposition. Mais pour le quotidien syrien al-Watan «les déclarations de Khatib restent insuffisantes et ne font pas de lui un négociateur acceptable au niveau populaire. Elles sont une manœuvre politique visant à corriger son erreur d'avoir soutenu le Front jihadiste d'al-Nosra et fourni des prétextes aux crimes commis à l'encontre de la Syrie». La méfiance est toujours de mise de part et d'autre. Les principaux soutiens de la rébellion dans le monde arabe, l'Arabie saoudite et le Qatar, gardent le silence. Mais des médias proches de Ryadh ont rapporté des voix dissonantes au sein de la Coalition présidée par Khatib. L'idée de dialogue reste bel et bien otage des va-t-en guerre. B. M/Agences