Les chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) ont condamné avec fermeté, jeudi au Caire, l'attentat terroriste contre le complexe gazier d'In Amenas en Algérie, réitérant le soutien et la solidarité des pays du monde musulman avec les autorités et le peuple algériens. Dans le communiqué final sanctionnant le sommet islamique tenu les 6 et 7 février, les dirigeants ont salué la riposte «rapide» des autorités algériennes qui «ont mis en échec les desseins criminels des groupes terroristes et sauvé la vie de centaines d'innocents». Ils ont estimé que le financement du terrorisme était une question qui suscite une «extrême inquiétude» pour la communauté internationale, précisant que le paiement de rançon aux groupes terroristes constituait une «des sources principales» de financement du terrorisme. Ils ont appelé, à cet effet, les pays membres de l'organisation islamique à collaborer et à refuser tout paiement de rançon. Cet appel des dirigeants islamiques s'impose au regard de l'actualité, marquée par l'intervention militaire française au Mali sous le couvert de la lutte contre le terrorisme et les groupes armés. Lesquels groupes armés ont été financés par les pays occidentaux, et à leur tête la France, grâce au paiement des rançons, comme le démontrent les révélations d'une ex-ambassadrice américaine au Mali, Vicki J. Huddleston. Selon l'ex-diplomate, affectée à Bamako entre 2002 et 2005, la France, comme d'autres pays européens, a versé des millions de dollars pour obtenir la libération d'otages au Sahel. En citant des «rumeurs» - elle a affirmé à la chaîne de télévision française i-Télé que les Français «ont payé une rançon importante, peut-être jusqu'à 17 millions de dollars pour (des) otages enlevés dans une mine d'uranium au Niger» en 2010. Ces «rumeurs» viennent corroborer, en fait, les montants de rançons, données de manière beaucoup plus précise par le correspondant à Bamako de Radio France internationale et de l'Agence France-Presse, serge Daniel, dans un livre paru début 2012. Deux sociétés françaises ont payé «13 millions d'euros» pour libérer des Français, l'Autriche a payé «3 millions d'euros», l'Espagne a payé «9 millions d'euros», le Canada «3 à 5», a-t-il ainsi écrit dans son ouvrage de référence Aqmi, l'industrie de l'enlèvement, publié aux éditions Fayard. Vicki J. Huddleston a ajouté que l'Algérie avait toujours «refusé catégoriquement de payer des rançons». «Comme mon propre pays, les Etats-Unis. Mais les gouvernements européens avaient le sentiment qu'ils ne pouvaient pas faire autrement», a-t-elle précisé. Selon elle, en citant toujours «la rumeur», le gouvernement allemand a aussi déboursé «environ 5 millions de dollars» pour faire libérer des ressortissants, au début des années 2000. A la mi-2012, le président français Nicolas Sarkozy avait affirmé, à propos de deux otages en Afghanistan, que payer des rançons n'était pas un problème pour son gouvernement. Le nouvel exécutif socialiste de François Hollande a une approche différente, jugeant que des rançons nourrissent le terrorisme et la poursuite de la pratique des rapts, selon des sources concordantes. Par ailleurs, pour en revenir au sommet de l'OCI, soulignons que les dirigeants des pays islamiques ont réaffirmé leur engagement à renforcer la coopération en matière de lutte antiterroriste par l'adoption de méthodes diverses, notamment la mise au point d'une définition précise du terrorisme à l'échelle internationale et l'application des conventions internationales de lutte contre ce phénomène. Ils ont, d'autre part, insisté sur la mise au point d'un mécanisme de révision prochaine de la stratégie générale des Nations unies de lutte contre le terrorisme qui prendra en compte les causes réelles de ce phénomène tout en faisant la distinction entre l'acte terroriste, considéré sans la moindre ambiguïté comme un acte illégal et condamnable, et la lutte légitime des peuples, sous occupation ou hégémonie étrangères, pour leur droit à l'autodétermination. A.R. et agences