De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi
L'année 2013 sera fructueuse à Constantine en matière de réalisations d'infrastructures dédiées à la lecture publique. Dans le chef-lieu de wilaya comme dans la banlieue et les municipalités, les responsables locaux maintiennent la cadence conformément aux directives des pouvoirs publics, à savoir multiplier les salles de lecture et les bibliothèques. Au moins une dizaine de projets sont inscrits dans ce cadre. Constantine devra réceptionner ces chantiers au cours de l'année prochaine, dont la grande bibliothèque de Boussouf (1 000 places). Mais si on peut se féliciter de l'inscription de ces projets culturels, il reste que pour la fréquentation de ces futures infrastructures il y encore du travail à accomplir. Car, les bibliothèques et salles de lecture déjà existantes sont loin de faire le plein. Il est vrai que les décideurs parlent de la relance de la lecture et de la socialisation du livre, c'est dans cette perspective que les autorités locales ont été instruites pour multiplier les réalisations d'infrastructures qui permettront à chaque citoyen de pouvoir feuilleter le livre qu'il aimerait. Sur ce plan, Constantine n'a pas à se plaindre. Chacune de ses municipalités est dotée d'un lieu adéquat. En plus, aux côtés des anciennes bibliothèques, un vaste programme de nouvelles réalisations a été arrêté par la tutelle régionale, avec la dotation de fonds nécessaires, en vue de mettre le livre à la disposition de toutes les franges de la société. En deux mots, il s'agit de rapprocher le livre du lecteur. «Cinq salles de lecture et trois bibliothèques urbaines sont prévues pour l'année en cours», se félicite la direction de wilaya de la culture avant d'éclairer sur le nombre de projets en voie de finalisation, se rapportant au planning financé par le CCL (Collectivités locales et ministère de l'Intérieur). «Nous totalisons dix bibliothèques, dont quatre achevées et équipées. Il reste à finaliser les six restantes au niveau des six daïras. Les travaux de réalisations seront suivis par les communes respectives. Ajoutez à cela, deux autres bibliothèques de type urbain dans le chef-lieu de wilaya et à la cité Ziadia», a souligné un responsable de la direction de wilaya de la culture. A noter que la répartition des bibliothèques est jugée proportionnelle avec la densité de la population. Toutefois, la nouvelle ville Ali-Mendjeli, dont le nombre d'habitants est en constante évolution en raison des projets immobiliers qui y sont inscrits, verra incessamment l'ouverture de son grand espace dédié au livre. Tout comme la localité du Khroub. Tous ces projets de réalisations d'infrastructures dédiées au livre suscitent un grand intérêt au sein de la sphère culturelle locale qui voit d'un bon œil l'ouverture prochaine de la grande «Cité livresque». En effet, cette institution de lecture publique en phase de finition à la cité Boussouf, dans la banlieue de la ville de Constantine, est conçue pour accueillir 1 000 personnes. Et bien que le choix de son site d'implantation ait soulevé de nombreuses critiques qui arguaient qu'une bibliothèque ne devait pas être érigée à proximité d'un axe routier important, le lancement des travaux et leur avancement ont rendu caduques les arguments des «contradicteurs». «On ne peut pas renoncer à un projet qui a déjà consommé beaucoup d'argent et le détruire pour un mauvais choix d'assiette», admet un urbaniste. Et c'est ce que voulaient entendre les résidents qui cherchent avant tout à avoir leur pôle culturel qui leur permettrait de s'émanciper de la cité millénaire devenue le point de convergence de toutes les activités culturelles. Mais aura-t-on pour autant résolu la problématique de la déficience du lectorat ? Est-ce qu'en construisant des bibliothèques on pourra faire remonter la courbe du lectorat, même si elle n'atteint pas des pics ? «Ce que je peux certifier à ce propos, c'est que Constantine détient une place honorable sur ce plan. Il y a de plus en plus de jeunes et d'enfants qui se rapprochent du livre. Et cela a été confirmé lors de la tournée à travers les communes qu'avait faite le bibliobus envoyé par le ministère de la Culture. Sur les 12 mois qu'a duré cette tournée, 7 000 livres environ ont été mis à la disposition des lecteurs, tous âges confondus», indique le directeur de la culture de Constantine, M. Foughali. «En deux ans, la wilaya de Constantine a été dotée de plus de 160 000 livres transférés par la Bibliothèque nationale», ajoutera-t-il. Cependant, malgré cet enthousiasme et ces actions visant à rapprocher le livre du citoyen, certains observateurs restent sceptiques. «C'est toujours utile et judicieux d'augmenter la fréquence de ce genre de projets et de les répartir sur tous les points névralgiques reculés de la circonscription. Néanmoins, ces options devront être précédées et suivies par des actions de promotion et de sensibilisation en milieu scolaire et familial pour inciter les enfants à la lecture», dira un universitaire. D'autres voix renchérissent en affirmant que la lecture publique n'a pas encore atteint la vitesse de croisière. Preuve en est, la plupart des bibliothèques et salles de lectures demeurent quasi vides, et les quelques «clients» qu'on peut y trouver, sont là pour réviser leurs cours, faire leurs devoirs ou des recherches pour un exposé. C'est le cas des bibliothèques communales. Les étudiants et autres élèves des classes d'examen s'y retrouvent pour travailler ensemble et réviser les cours dispensés en classes. Au chef-lieu de wilaya, l'ouverture des deux espaces au Palais de la culture Malek-Haddad et à la Maison de la culture Mohamed-El Aïd El Khalifa pour une modeste cotisation annuelle de 400 dinars a quelque peu relancé la fréquentation, et même la lecture, soutient-on. Mais, le gros des visites reste dominé par les «besoins scolaires». La socialisation du livre et la relance de la lecture publique restent au stade de projet dont les travaux peinent à démarrer, tant les acteurs en charge du chantier sont nombreux, mais n'arrivent toujours pas à travailler de concert, en harmonie…
