Le désert culturel qui sévit depuis des années, s'installe dans la durée malgré les initiatives des Directions de wilayas de la culture qui se démènent des fois pour semer quelques «graines de culture» qui auront peut-être un effet d'entraînement et feront fleurir cet espace vidé de sa substance et squatté par l'indigence. La culture, indispensable, et pourtant insaisissable, parce que relevant d'un fonds culturel commun, tout en étant perçue différemment par chaque individu, régit chaque aspect de notre vie, nos comportements, nos rapports avec les autres, nos références et se dépasse parfois pour être dans l'interculturel. Qu'en est-il aujourd'hui ? La première initiation à la culture commence au sein de la famille pour ensuite être prise en charge par l'école. Mais cette dernière qui a failli depuis longtemps à ses obligations, a déporté cette notion se concentrant uniquement sur des disciplines dites utiles et pratiques. Là aussi elle a, hélas, failli lamentablement. On se retrouve donc avec des individus porteurs de bribes de cultures acquises ça et là, sans repères propres qui les différencient des autres et font d'eux des êtres pensants. Il faut dire que les programmes enseignés ne laissent guère de place à la découverte et à la lecture, premiers vecteurs de la culture, et même les textes choisis et étudiés ne répondent pas véritablement aux attentes des apprenants et à cette curiosité, cette envie, qu'ont les enfants de découvrir et d'apprendre. Les enseignants eux-mêmes n'ont pas cet amour et ce feeling par lequel ils pourraient «contaminer» ces esprits neufs et leur passer le virus de la lecture, de la recherche et de la découverte. Nos bibliothèques sont désespérément vides et l'on n'a pas vu à ce jour des bousculades à l'entrée de ces lieux de savoir, de connaissance et de culture. «Une bibliothèque est une chambre d'amis», disait Tahar Benjelloun, ce grand écrivain marocain. La bibliothèque chez nous est mise en quarantaine, elle est pour la plupart du temps, juste un décor pour faire tout comme. Les rares visites qui y sont effectuées sont intéressées parce qu'on a besoin de réviser des cours ou faire un exposé sur quelque thème, puis une fois le travail terminé, on l'oublie et on ne la «voit» même plus. La seule oasis de culture, qui, elle aussi, fonctionne par à coups, est confinée dans la capitale, pour les autres villes du pays, c'est la disette et il n'y a rien pour relancer, pour initier, pour intéresser, les individus malgré l'existence de structures culturelles. Cinémas, salles de concerts, musées, théâtres sont devenus muets et crient en silence leur disgrâce, une disgrâce que le CD et DVD copiés, les chaînes de télévision piratées et l'Internet ont supplantés. L'informel est venu sur tout, et la culture, cette composante essentielle de l'identité, s'efface peu à peu… M. R.