La série d'attentats qui a ébranlé, jeudi, la capitale syrienne Damas, a fait plus de 80 morts, selon un nouveau bilan, enfonçant davantage les Syriens dans la tragédie. Ce sont les attaques les plus meurtrières dans la capitale, depuis le début du conflit qui déchire le pays depuis maintenant près de deux ans. Cette guerre civile qui ne montre aucun signe de répit semble se transformer de plus en plus en destruction systématique de la Syrie. Ce qui n'est pas pour déplaire à ceux qui voudraient d'avantage disloquer ce pays important dans le monde arabe. Alors que les grandes puissances restent divisées sur une solution au conflit, la Syrie s'enfonce de plus en plus dans la spirale de la violence. Les membres du Conseil de sécurité ne sont même pas arrivés à se mettre d'accord sur le texte d'une déclaration réagissant aux sanglants attentats. Jeudi, quatre attentats ont frappé la capitale syrienne, où selon les reportages de journalistes la vie continue malgré la situation dans d'autres régions, tuant des dizaines de civils. La principale attaque a eu lieu dans le centre de Damas, lorsqu'un kamikaze a fait sauter sa voiture remplie d'explosifs près de l'entrée du siège du parti Baath. L'attentat a fait exploser les fenêtres de l'ambassade de Russie toute proche. Le mode opératoire était de faire le maximum de victimes syriennes. Damas a été le théâtre ces derniers mois de plusieurs attentats meurtriers visant notamment les bâtiments gouvernementaux, des renseignements ou de la sécurité. Plusieurs de ces attaques ont été revendiquées par le Front Al-Nosra, groupe djihadiste, à l'extraction trouble. Les attentats de jeudi ont été condamnés, aussi bien par l'opposition, qui a évité cette fois-ci de pointer le régime du doigt, que par Damas qui a accusé des groupes liés à Al-Qaïda. L'effroyable attentat a été aussi condamné par les Etats-Unis, la Russie et Ban Ki-moon qui a réaffirmé «sa ferme conviction qu'une solution politique est la seule issue» à la tragédie qui happe la Syrie. Mais la solution politique semble toujours improbable à court terme. L'opposition et le régime semblent déterminés à en finir avec l'autre partie quel qu'en soit le prix. Les divisions internationales entre pays occidentaux, qui appellent au départ d'Assad, compliquent aussi la donne. Le préalable du départ du président Assad est devenu même un argument pour ceux qui refusent une solution politique. La Syrie déchirée se retrouve désormais au centre d'une froide discorde entre les grandes puissances. La Russie accuse les diplomates américains de bloquer les condamnations des attentats par le Conseil de sécurité. Moscou affirme que les Etats-Unis «encouragent» les attaques des insurgés en bloquant les communiqués du Conseil sur les attaques en Syrie. En attendant une solution politique, seule issue pour la crise, le peuple syrien paye un prix de plus en plus lourd. En près de deux ans, la tragédie a fait plus de 70 000 morts et poussé à l'exode des centaines de milliers de personnes. M. B. /Agences