Le président syrien, Bachar Al Assad, se trouve dos au mur et doit assumer une répression que rien ne justifie Déclarations, propositions et condamnations s'enchaînent... alors que la répression se poursuit. Rien ne semble arrêter la machine répressive de Bachar Al Assad. Deux jours après la condamnation par le Conseil de sécurité de l'ONU de la répression en Syrie, au moins cinq manifestants, selon un nouveau bilan communiqué par Abdel Karim Rihaoui, président de la Ligue syrienne des droits de l'homme, ont été tués hier par les forces de sécurité près de Damas. Par ailleurs, «20 personnes ont été blessées, dont sept grièvement, lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants qui sortaient d'une mosquée dans le quartier de Ter Maala», à Homs (centre), a affirmé Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'homme, qui a également fait état de tirs dans le quartier de Qousour. Il y a également des rassemblements à Douma, près de Damas, où les forces de sécurité ont utilisé, selon lui, des munitions à fragmentation. Des milliers de Syriens sont descendus dans la rue pour le premier vendredi du mois de Ramadhan appelant la communauté internationale à les soutenir alors que la répression de la contestation par le régime du président Bachar Al Assad ne faiblit pas. Les défilés étaient également dédiés à Hama, ville rebelle où l'armée a lancé dimanche, une vaste offensive qui a fait plus d'une centaine de morts. Faisant mine de vouloir trouver des compromis avec l'opposition, Al Assad pratique la politique du «deux poids, deux mesures». Dans le souci de calmer les esprits, le président syrien a promulgué jeudi un décret autorisant le multipartisme. Accédant ainsi à l'une des principales revendications du mouvement de contestation. La fin de la toute-puissance du parti Baath était l'une des principales revendications du mouvement de contestation engagé mi-mars en Syrie, avec la libération des prisonniers politiques et la levée de l'état d'urgence, obtenue en avril. Le gouvernement syrien avait adopté fin juillet un projet de loi autorisant le multipartisme, mais ce décret permet de rendre la mesure applicable immédiatement, sans attendre un vote du Parlement. Le texte du décret promulgué jeudi fixe les conditions de création et de fonctionnement de nouveaux partis, qui ne devront pas reposer sur des bases religieuses ou tribales, ni être issus d'une organisation non syrienne. Ils ne devront comporter aucune formation militaire ou paramilitaire, et leurs principes, objectifs et financement devront être clairement établis, a précisé l'agence de presse officielle Sana. La répression sanglante et continue des manifestants a fini par susciter la condamnation du Conseil de sécurité de l'ONU. Mercredi soir, après des semaines de blocage, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une déclaration (mais pas une résolution) qui «condamne les violations généralisées des droits de l'homme et l'usage de la force contre les civils par les autorités syriennes». Le texte ne fait aucune référence à une enquête du Conseil des droits de l'homme de l'ONU sur la répression, comme l'avaient demandé plusieurs pays européens, mais il exige, en revanche, que les responsables de la répression, qui a déjà fait plus de 1600 morts selon les organisations de défense des droits de l'homme, «rendent des comptes». Sur le plan diplomatique, déclarations, propositions et condamnations internationales s'enchaînent. Hier, le gouvernement koweïtien a exprimé, sa profonde inquiétude face à la situation en Syrie et a appelé au «dialogue et à la mise en place d'une solution politique» à la crise dans le pays. L'Argentine a, de son côté, exprimé sa «grande préoccupation» au sujet de la situation en Syrie et appelle les parties à rechercher une solution à travers le dialogue, écartant une intervention étrangère ou militaire. Ayant qualifié la situation de «dramatique», la Russie a salué la position de l'ONU, tout en réitérant son opposition à toute ingérence étrangère en Syrie. Allant plus loin encore, les Etats-Unis ont estimé jeudi que les actions du président Bachar Al Assad «placent la Syrie et l'ensemble de la région dans une voie très dangereuse».